ORLÉANS, CAPITALE DE LA PAIX À TRAVERS L’AMITIÉ FRANCO-AMÉRICAINE

Magazine 868 - Décembre 2025

À l’occasion du 5e séminaire de la paix positive, organisé par le Comité interpays France-USA (section française) en collaboration avec les Rotary clubs de la région d’Orléans, la ville a accueilli un événement marquant du 12 au 17 octobre. Après des éditions organisées à Paris (2016), La Nouvelle-Orléans (2018), Rennes (2021) et en Caroline du Nord (2023), le CIP France-USA a choisi Orléans pour cette nouvelle édition.

Image ORLÉANS, CAPITALE DE LA PAIX À TRAVERS L’AMITIÉ FRANCO-AMÉRICAINE

Depuis le séminaire de La Nouvelle-Orléans, le district 1720 (centre Poitou et Vienne) s’est imposé comme un partenaire clé, avec plus de 20 participants originaires de la région lors de l’édition américaine. Un programme riche et international attendait 13 jeunes Américains – étudiants, jeunes professionnels, Rotaractiens et Rotariens – à Orléans. Leur voyage, financé par la section américaine du CIP France-USA, a été marqué par un accueil chaleureux : des familles françaises, sélectionnées par les Rotariens locaux, les ont hébergés.

Le 14 octobre, l’Université d’Orléans a ouvert ses portes au groupe. Les 7 jeunes Français sélectionnés ont rejoint leurs homologues américains, formant une promotion de 20 participants pour trois jours d’échanges intenses.

Au cœur des débats : la paix sous toutes ses formes. Serge Stroobants, directeur de l’Institut pour l’économie et la paix (Bruxelles), avec une de ses stagiaires Sien, ont animé deux journées de formation sur la paix positive et négative, en s’appuyant sur le Global Peace Index et les 8 piliers de la paix positive. Ces sessions ont suscité des débats passionnés et des questions approfondies. Peter Kyle, ancien administrateur du RI, responsable de tous les centres du Rotary de la Paix, a fait un historique des liens entre le Rotary et la paix dans le monde.

Odette Ramo, boursière de la paix du Rotary, a présenté le programme permettant aux jeunes d’obtenir un master ou un certificat dans les domaines de la paix, inspirant vocations et espoirs. Le mercredi soir, les Rotaractiens d’Orléans ont organisé une soirée conviviale pour renforcer les liens entre les participants.

Parmi les interventions marquantes, Rebecca Crall, responsable des programmes de paix au Rotary International, s’est exprimée sur le thème de la « polarisation et fragmentation toxique », analysant les défis actuels de la communication et leurs impacts sur la paix mondiale. Son intervention a mobilisé les jeunes, Français et Américains, dans des échanges proactifs et engagés. Le jeudi, une soirée a réuni participants et membres des clubs d’Orléans, consolidant les liens créés durant le séminaire.

Le troisième jour, une séance intitulée « Un voyage au cœur du leadership pour servir », animée par Isabelle Perrieux (gouverneure élue du district 1770) et Karine Parker (franco-américaine spécialisée dans l’éducation des enfants en difficulté à Houston), a donné lieu à des discussions enrichissantes, notamment sur les différences entre les systèmes juridiques français et américains.

En fin de séminaire, les participants ont consigné leurs impressions pour le Livre blanc annuel, une tradition depuis la première édition.

Xavier Pacaud, représentant la présidente mondiale des CIP, a présenté ce programme international du Rotary. Pour conclure, il a cité Francesco Arrezzo, président du RI : « Nous sommes tous unis pour faire le bien, mais aussi unis pour faire la paix dans le monde. » Une mission que ces nouveaux ambassadeurs de la paix porteront désormais avec fierté.

 

TEXTE DE JEAN-MARIE POINSARD ET BART CLEARY

Jean-Marie Poinsard est le président du CIP France-USA, Bart Cleary est le président de la section américaine du CIP-France-USA, Alain Broussaud est membre du RC Orléans Péguy.

 

 

 

 

UN PROGRAMME SUR MESURE

 

Les liens entre les clubs orléanais et le séminaire de la paix du CIP France-USA remontent à 2018. Des Rotariens orléanais avait été reçus par les Rotary clubs de la région de La Nouvelle Orléans, avec les membres du CIP et les jeunes Français sélectionnés pour participer au 2e séminaire de la paix du CIP France-USA. L'idée d'accueillir à Orléans le 5e séminaire de la paix a été présentée dès avril 2023. 45 Rotariens et Rotaractiens orléanais ont participé à des réunions de commissions, à la recherche de candidats, à la coopération avec les équipes de la mairie, à l'accueil de participants américains ou français dans leurs familles etc.

 

Un programme dense a été construit autour du séminaire, dont :

  • - découverte mémorielle d'Orléans avec une visite en anglais,
  • - réception d'accueil offerte par la ville d'Orléans dans l’hôtel Groslot (XVIe siècle), avec une intervention du premier adjoint au maire, 
  • - visite personnalisée du château de Chambord,
  • - soirée « entre jeunes » organisée par les Rotaractiens d'Orléans,
  • - réunion statutaire conjointe des Rotary clubs Orléans Val de Loire et Orléans Péguy

 

Pour clore la semaine, les clubs orléanais ont organisé un évènement sur le thème de la paix, dans le prolongement du séminaire, largement ouvert au public non rotarien.  Une conférence-débat s’est tenue sur « La paix positive dans un monde fracturé » avec trois intervenants :

  • - Rebecca Crall, responsable au sein du RI des programmes de paix,
  • - Serge Stroobants, directeur Europe Afrique Moyen Orient de l'Institut pour l’économie et la paix (IEP),
  • - Matthieu Grandpierron, professeur de sciences politiques.

 

Le débat a été suivi de questions-réponses, puis des témoignages de deux des participants au séminaire, un Français et une Américaine.

En début de semaine, une grande surprise attendait chacun : les Américains sont rassemblés autour d'une Jeep de la Deuxième Guerre mondiale. Ils écoutent l'historienne Anne-Marie Royer-Pantin évoquer la libération d'Orléans quand une visiteuse rejoint le groupe : Helen Patton, petite-fille du général George Patton qui était à la tête de la 3e armée américaine qui a libéré Orléans le 16 août 1944, est venue pour faire cette surprise ! C'est le début d'une itinérance mémorielle, en cortège ouvert par les motards de la police municipale et la Jeep chargée de jeunes qui se relayent en agitant un drapeau américain. L'itinérance conduit le groupe aux quatre stèles érigées sur l'itinéraire emprunté par les troupes du général Patton. À chaque stèle un(e) jeune Américain(e) dépose un rameau d'olivier, et Helen Patton chante une émouvante Marseillaise devant la mairie, puis des chants de paix américains devant la 4e stèle, et enfin l'hymne des États-Unis dans un jardin public. Au pied de la 4e stèle, chaque jeune plante symboliquement un lys blanc. Grand moment d'émotion et de prise de conscience.

Cet accueil a été rendu possible grâce à la participation du district, des clubs, de partenaires et sponsors sans lesquels ce niveau qualitatif n'aurait pas pu être atteint.

 

TEXTE D’ALAIN BROUSSAUD

 

 

MAX ET LAURA : TÉMOIGNAGES DES 2 CÔTÉS DE L’ATLANTIQUE

 

Deux participants répondent aux questions de Jean-Marie Korporaal, membre du Rotary club Manosque, pour Rotary Mag.

Laura a étudié à l’EM Lyon et est actuellement en charge de communication pour Vinci airport (11 aéroports).

Max vient de Virginie ; il a été étudiant en histoire, mais travaille dans un hôpital pour rendre service à sa communauté.

 

Comment avez-vous pris connaissance de l'existence du séminaire ?

Laura : Je suis Rotaractienne depuis 7 ans et j'ai suivi une conférence sur le concept de paix positive pendant laquelle nous avons été informés du séminaire d'Orléans.

Max : Je participe au programme de l’ONG Peace builders dont l'objectif est d'aider des jeunes en difficulté à atteindre leur plein potentiel ; cette ONG est soutenue par le Rotary et c'est ainsi que je fus informé du séminaire. Aucun membre de ma famille n'est Rotarien.

 

Pourquoi ce séminaire a-t-il attiré votre attention ?

Laura : Je travaille depuis deux ans sur la paix et j'ai un intérêt pour la géopolitique ; le séminaire aborde des aspects comme la dépolarisation des discours, ce qui me parle.

Max : C'est une opportunité unique de rencontrer d'autres jeunes des États-Unis et de France pour échanger des idées et discuter comment avoir un impact en matière de paix dans la communauté.

 

Quelles peuvent être les retombées d'un tel séminaire ?

Laura : Il y a tout d'abord l'aspect multiculturel : on a pas souvent une telle opportunité qui génère autant d'échanges, parfois sur des aspects relativement pratiques comme la comparaison des droits du travail aux États-Unis et en France. Cela permet de mettre les choses en perspective.

Max : Rencontrer d'autres jeunes, collaborer à des projets, apprendre la théorie, mettre en œuvre des idées ; tout cela crée un flux d'énergie pour entreprendre grâce aux autres.

 

Qu'avez-vous appris lors de cette rencontre ?

Laura : J'ai pu notamment être plus sensibilisée à la communication non violente et à l'importance de l'écoute ; nous avons eu la chance d'avoir des intervenants de haut niveau qui ont su focaliser notre attention.

Max : J'ai appris à mieux planifier pour s'engager en faveur de personnes en difficulté ; cela permet de prendre conscience des changements que nous sommes en mesure d'apporter aux réalités du monde.

 

La perception de la paix est-elle différente des deux côtés de l’Atlantique ?

Laura : Pas tellement car le concept est universel, mais la mise en œuvre des actions peut prendre des voies différentes, le but in fine étant de veiller au bien-être des populations.

Max : L'angle de perception est le même, mais l'approche dans l'action peut être différente, en tenant compte de cultures différentes ; l'objectif pour tous est clairement d'aider la communauté.

 

Quelle est la principale menace pour notre monde ?

Laura : C’est de perdre espoir, arrêter de vouloir améliorer les conditions de vie, négliger la nécessité de vivre en paix. Un tel séminaire nous donne de l'énergie pour continuer car nous constatons que nous ne sommes pas seuls et que d'autres jeunes, sous d'autres latitudes, croient et agissent comme nous.

Max : Ma perception a changé pendant le séminaire : j'ai compris que certaines barrières s'élevaient systématiquement parce que les gouvernements ne sont pas toujours à l'écoute de leurs populations, et que les décisions prises ne correspondent pas nécessairement à l'attente de celles-ci.

 

Pensez-vous pouvoir jouer un rôle pour la paix dans le monde ?

Laura : Cela passe d'abord par une forme de paix intérieure afin de pouvoir aligner ses valeurs et ses actions, ce qui est parfois difficile dans le quotidien. Lors des trois jours de séminaire, nous pouvons faire le point et nous rendre compte que dans la vie de tous les jours, la paix avec soi se diffuse. De manière plus pragmatique, il faut être en mesure de comprendre les besoins des populations et faire en sorte qu'elles s'approprient les actions.

Max : À mon niveau, je sais que je peux apporter de petits changements pour l'amélioration des conditions de vie des populations, mais je sais aussi que ces changements iront grandissants et qu'ils auront un impact. On peut parler de prolifération de petits pas.

 

Comment percevez-vous les jeunes de l’autre pays après cette rencontre ?

Laura : J'ai voyagé deux fois aux États-Unis, mais sans rencontrer d’Américains. Pendant le séminaire, j'ai pu me rendre compte que les valeurs auxquelles nous sommes attachés ne sont pas si différentes, et même parfois le type d'humour que nous pratiquons. Tous ensemble nous avons fait le constat qu'il y a beaucoup de passion et d'engagement. On se rend compte également que les médias ne reflètent pas toujours la réalité d'une société.

Max : Avant cette rencontre, j'avais seulement visité Paris une seule fois sans vraiment rencontrer de Français. Ici j'ai découvert des jeunes Français très engagés pour rendre le monde meilleur et nous nous sommes trouvés de nombreux points communs car nous travaillons tous pour la paix.

 

Qu'est-ce qui vous a plu dans les actions du Rotary ?

Laura : Une subvention mondiale de la Fondation Rotary a permis en 2021 une action en Bosnie ; cette action était gérée par une réfugiée de ce pays et destinée au rapprochement des communautés sous l'appellation From inner to outer peace (de la paix intérieure à la paix extérieure). Le Rotary a ainsi eu un impact sur une communauté de 50 000 personnes.

Max : C'est une organisation de bénévoles qui est en mesure d'avoir un impact sur les populations à une large échelle.

 

 

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