FAITES CONNAISSANCE AVEC FRANCESCO AREZZO

Deux semaines après sa nomination, Francesco Arezzo prend avec confiance les rênes du Rotary

Nous sommes la veille de la convention de Calgary et si tous les présidents du RI font toujours sensation, cette fois, c’est pour une autre raison que l’on s’empresse de rencontrer Francesco et son épouse, Anna Maria Arezzo-Criscione : il vient d’être nommé président il y a moins d’une semaine.  En effet, dans la nuit du 14 juin, Francesco Arezzo, membre du Rotary club Ragusa (Sicile), était assis à côté d’un ami rotarien lors de la conférence de son district lorsqu’il a appris sa nomination. La nouvelle n’ayant pas été officiellement annoncée, Francesco devait garder l’information confidentielle. Mais très vite, il a remarqué que des téléphones s’animaient dans toute la salle. « Lorsque la nomination a été diffusée sur les réseaux sociaux, vers 23 heures, nous étions en plein gala, raconte-t-il. Imaginez plus de 400 Rotariens découvrant la nouvelle sur leur mobile. C’était un moment inoubliable et ils se sont tous regroupés pour me féliciter. »

Deux jours plus tard, il prenait l’avion pour le Canada afin de recevoir sa nomination officielle devant les 16 000 participants à la convention. « Je n’ai même pas eu le temps d’aller chez le coiffeur », ajoute-t-il en pointant du doigt sa chevelure grisonnante. Pour autant, il se sentait prêt pour ce rendez-vous. Rotarien depuis plus de trente ans, Francesco a notamment été président de la commission de la convention 2023 à Melbourne. Il avait posé sa candidature pour le poste de président du Rotary en 2023 et avait été présélectionné. 

Son parcours personnel marquant, son humilité et les messages simples mais forts de son discours d’investiture lui ont valu des applaudissements nourris du public. Découvrez le président.

L’orthodontie, une vocation

Cela fait maintenant 46 ans que j’exerce le métier d’orthodontiste. Je travaille principalement avec des jeunes et il est très important d’essayer de les comprendre avant de commencer un traitement. Sans cela, il est impossible de les traiter. Vous devez gagner leur confiance. Forger ces relations est un des plus beaux aspects de mon travail. Parfois, ils me confient des choses que leurs parents ignorent. Cette confiance est le début d’un bon traitement.

Sa famille produit de l’huile d’olive

Je suis le dernier d’une longue lignée de producteurs d’olives, je le crains, car mes filles ont d’autres projets. Une bonne huile d’olive doit être épicée et amère. Elle doit avoir de grandes qualités chimiques, l’acidité doit être très faible, inférieure à 1 %. Pour ce faire, il faut récolter les olives très tôt. Cela signifie une quantité faible, mais une qualité élevée. Les olives des huiles que vous trouvez au supermarché sont récoltées très tard, ce qui donne une quantité élevée, mais une qualité très faible. Pour produire une bonne huile d’olive, c’est une question de passion.

Il hésitait à être président de son club !

Lorsque mon club m’a proposé pour la première fois de devenir président, j’ai voulu refuser. À l’époque, je bégayais et étais terrifié à l’idée de m’exprimer devant les membres de mon club. Mais cela ne s’est pas si mal passé. Ensuite, on m’a invité à devenir gouverneur de district, et j’ai encore voulu décliner cette offre encore. Mais ils sont parvenus une nouvelle fois à me convaincre.

Le Rotary m’a transformé. Le jeune professionnel qui avait peur de parler en public par crainte de se ridiculiser peut aujourd’hui monter sur une scène et prendre la parole, dans une langue qui n’est pas la sienne, devant des milliers de personnes. Je le dois à tous les Rotariens que j’ai rencontrés dans ma vie et qui m’ont toujours soutenu et entouré de leur amitié.

Les présidents de club sont essentiels.

Nous devons améliorer notre communication destinée aux présidents de club, car ce sont eux qui sont en première ligne pour travailler avec les membres. Bien que nous fassions un excellent travail de formation des gouverneurs sur l’importance de l’effectif, ces derniers n’ont souvent que deux ou trois occasions dans l’année pour s’adresser au président d’un club. Trop de présidents de club ignorent l’importance de nos objectifs en termes d’effectif.

L’une des priorités est la construction de la paix.

Comme gouverneur, j’ai organisé un séminaire RYLA (séminaire de formation à la responsabilité professionnelle) pour les jeunes des districts du bassin méditerranéen : Italie, France, Espagne, Afrique du Nord, Grèce, Turquie. La difficulté était de rassembler des jeunes Turcs et Italiens parce qu’ils se considéraient comme très différents. Le premier jour était tendu ; il était clair qu’ils ne s’appréciaient pas. Mais après quelques jours, ils ont commencé à voir qu’ils partageaient les mêmes goûts et les mêmes rêves.

Le dernier jour, ils ont chanté ensemble « Imagine » de John Lennon et ont joué un sketch sur les différences culturelles entre leurs deux pays. C’est une des plus belles choses dont je me souviens.

Quand on pense au nombre de jeunes que nous envoyons dans le monde par le programme du Youth exchange, les bourses d’études et des Centres du Rotary pour la paix, on a l’impression d’avoir affaire à une machine à fabriquer de la paix. Nous avons besoin d’une telle machine en ce moment, dans un monde qui s’éloigne de la paix.

Grand amateur d’opéra

Il était normal d’écouter de l’opéra dans ma famille. Mais Raguse est une petite ville et il n’y avait pas de théâtre lyrique. Lorsque je suis allé à l’université de Padoue, le théâtre de Venise se trouvait à proximité et j’ai commencé à y aller. C’était vraiment très beau. Un compositeur que j’aime beaucoup est Vincenzo Bellini. Il est né en Sicile, à Catane, et est mort très jeune. Il n’a composé que quelques opéras, mais ils sont tous d’une très grande qualité. Norma, par exemple, est merveilleux. Il en va de même pour Les Capulet et les Montaigu. Bien entendu, il y a beaucoup d’autres grands compositeurs, comme Puccini, Verdi, Mozart. C’est difficile de n’en choisir qu’un. 

Il entend bien rattraper le retard

Le président du RI a généralement une année pour analyser des problèmes, une deuxième pour élaborer un plan et une troisième pour agir. Je suis bien conscient d’avoir un handicap du fait de ma nomination tardive. J’espère travailler étroitement avec le président élu, Olayinka Babalola (Nigeria). Je pense que lui et moi pouvons élaborer un plan sur deux ans qui sera réellement efficace. Le Rotary n’est pas un scooter qui peut changer rapidement de direction. C’est plutôt un paquebot de croisière : pour prendre un virage, il faut s’y prendre plusieurs kilomètres à l’avance. 

Le Rotary est un verbe d’action

Lorsque je discute avec des Rotariens, je leur dis toujours de changer les verbes qu’ils utilisent. On ne « va » pas au Rotary comme on va au cinéma où vous vous asseyez et regardez ce qu’il se passe. Le Rotary est quelque chose que l’on « fait ». Vous devez participer, et ainsi vous pourrez vous épanouir.

TEXTE D’ ETELKA LEHOCZKY