CRÉONS DE L’ESPOIR DANS LE MONDE : LA VISION DE GORDON McINALLY

Magazine n°837 - Mai 2023

Interrogé sur ses projets comme président 2023-2024 du Rotary International, Gordon McInally nous rappelle un principe qui lui est cher : « Il ne s’agit pas de mon année, mais de l’une des années du Rotary. J’attache une grande importance à la continuité et je ne vois pas les années de manière isolée. » Gordon souhaite profiter de son mandat pour mettre en avant la santé mentale, une maladie qui a touché tragiquement sa famille et qui est trop souvent passée sous silence.

Image CRÉONS DE L’ESPOIR DANS LE MONDE : LA VISION DE  GORDON McINALLY

Gordon McInally a rencontré six membres de l’équipe Communication du Rotary International pour répondre aux questions posées sur les réseaux sociaux par les Rotariens. Son sens de l’humour fait mouche auprès des rédacteurs et des techniciens qui s’affairent dans son bureau pour installer micros, caméras et lumières. Gordon, qui est membre du Rotary club South Queensferry, en Écosse, rit de son fort accent : « Si vous ne vous en étiez pas aperçu, je suis écossais et fier de l’être ! ». 

 

Les origines de Gordon s’affichent partout dans son bureau, où un paysage coloré du peintre écossais John Lowrie Morrison orne un mur. « L’Écosse n’est pas toujours aussi grisâtre qu’on la décrit, remarque-t-il. Elle peut aussi être très lumineuse. » Gordon cherche à dépasser les clichés attachés à sa région. « Le tartan, le plaid, c’est très traditionnel, très stéréotypé », explique-t-il. Avec ses couleurs vives inspirées des tableaux de Morrison – son artiste préféré – et les nuances d’un coquillage rapporté de Thaïlande, la cravate présidentielle se démarque de ces lieux communs. Parmi les autres curiosités colorées éparpillées dans son bureau se détache un immense buste en carton à son effigie reçu après un institute du Rotary à Minneapolis. Gordon explique que les visiteurs aiment poster des selfies sur les réseaux sociaux à côté de l’œuvre. « Je pense qu’ils la comprennent mieux qu’ils ne me comprennent moi ! » dit-il en riant.

 

Gordon McInally a 26 ans lorsqu’il rejoint le Rotary club South Queensferry. Il vient d’épouser Heather et le couple souhaite s’installer dans cette petite ville à la périphérie d’Édimbourg. C’est un ami agriculteur qui les invite à une activité du club. Puis s’ensuivent plusieurs réunions et son adhésion au club (Heather est membre du Rotary club satellite Borderlands Selkirk). « Je ne voyais pas comment je pouvais avoir un quelconque impact dans le monde en travaillant seul dans mon cabinet d’Édimbourg. Mais j’ai très vite compris que c’était possible avec le Rotary. C’est pour cela que j’ai intégré le club. »

 

La santé mentale sera au centre de son année de présidence dans la mesure où sa famille a été cruellement affectée. Il est d’ailleurs un ambassadeur de Bipolar UK, une association qui vient en aide aux malades ainsi qu’à leurs familles et aux soignants. Le Rotary International en Grande-Bretagne et en Irlande s’est associé à Bipolar UK et lui apporte les compétences de ses membres afin d’étendre le réseau de l’association dans le pays. « Nous devons faire appel aux compétences de nos membres, pas simplement à leur carnet de chèques. J’en suis convaincu », explique-t-il.

 

 

Quelles sont vos valeurs fondamentales et comment influencent-elles votre style de leadership ?

 

 

La valeur qui guide mon action tient en quelques mots : « prendre soin des autres », « être bienveillant », « se soucier des autres ». J’aime penser que je prends soin des autres. En tant que dentiste, j’ai pris soin de mes patients pendant des années. C’est une notion qui m’a été inculquée par mes parents et que nous avons insufflée à nos enfants. Je suis heureux de voir qu’elle est aujourd’hui transmise à nos petits-enfants. Je crois que le monde serait plus heureux et plus paisible si nous étions plus bienveillants. La paix est justement l’une des problématiques sur lesquelles je souhaite me concentrer.

 

 

Comment pouvons-nous rallumer la flamme chez les membres qui semblent l’avoir perdue ?

 

 

Pour raviver cette étincelle, je pense qu’il nous incombe de créer une expérience positive pour tous. Il n’y a pas un modèle unique. Certains clubs souhaitent se retrouver deux heures dans un country club autour d’un déjeuner. D’autres préfèrent se réunir trois-quarts d’heure le samedi matin autour d’un café et d’un croissant, avant d’aller vaquer à leurs activités bénévoles. 

 

Ce qui importe, dans les deux cas, c’est le service aux autres. Nous sommes une organisation de membres et de service. L’un ne va pas sans l’autre. Nous devons être dans l’action, car c’est notre vocation et c’est également de cette façon que nous donnons à ceux qui nous voient à l’œuvre l’envie de nous rejoindre. 

 

 

Quels sont les plans du Rotary pour lutter concrètement contre le changement climatique en 2023-2024 ?

 

 

Actuellement, l’une de nos actions majeures – mais il en existe d’autres – consiste à planter des mangroves dans diverses parties du monde. Malheureusement, le Rotary ne pourra résoudre à lui-seul le problème du changement climatique. Nous devons travailler au niveau qui correspond à nos ressources et continuer nos efforts de plaidoyer auprès des gouvernements pour qu’ils inscrivent le changement climatique dans leurs politiques.

 

 

Comment pouvons-nous inciter davantage de Rotaractiens à rejoindre des Rotary clubs ?

 

 

Il est important que les Rotaractiens rejoignent nos Rotary clubs pour qu’ils contribuent à les façonner. Nous parlons souvent du mentorat, mais il existe aussi le mentorat inversé. Les Rotaractiens ont beaucoup à nous apprendre. C’est à Hong Kong que leur intégration au Rotary est la plus fructueuse. Ils passent sans difficulté du Rotaract au Rotary, d’où la formidable symbiose qui profite aux deux organisations. Les gens disent que le Rotaract est l’avenir du Rotary, mais c’est en fait son présent. 

 

 

Quels sont les programmes pour jeunes qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

 

 

J’aime beaucoup le RYLA [Rotary youth leadership awards]. Dans ma région, ces programmes sont de grandes réussites. L’expérience du RYLA opère souvent un changement profond chez les participants. On observe des jeunes, auparavant introvertis, s’épanouir peu à peu. Il est important de parrainer des jeunes qui présentent un fort potentiel, plutôt que des lycéens déjà brillants qui ont toutes les chances de réussir même sans notre soutien. Nous avons le pouvoir d’aider au développement des qualités de ces lycéens prometteurs.

 

Je crois aussi beaucoup au Youth exchange, et suis ravi que nous soyons en mesure de le relancer. Ces dernières semaines, j’ai vu plusieurs jeunes s’envoler vers les quatre coins du monde pour vivre ce qui allait être une expérience transformatrice. Ce qui nous ramène à notre objectif d’un monde plus pacifique, car en facilitant leur immersion dans un pays étranger pendant un an et leur rencontre avec des jeunes d’une autre culture, nous les aidons à comprendre que nous sommes fondamentalement semblables. Les conflits sont inutiles puisque nous partageons les mêmes buts et aspirations.

 

 

Le Rotary continue d’établir de nouveaux partenariats et de lancer d’autres    projets. Comment assurer la continuité alors que nous élisons un nouveau président chaque année ?

 

 

Je ne considère pas la continuité comme la répétition de ce qui se fait année après année, mais plutôt comme un processus qui consiste à aller de l’avant et à sans cesse nous améliorer. Pour cela, nous devons être capables d’envisager différentes actions et initiatives, car les besoins évoluent régulièrement et nous devons pouvoir y répondre. Je ne pense donc pas que les deux soient mutuellement exclusifs. Nous avons les moyens de nous engager dans de nouveaux projets et d’envisager de nouvelles actions tout en nous inscrivant dans la continuité, c’est-à-dire dans le long terme et sans nous précipiter pour terminer un projet pendant un mandat présidentiel.

 

 

Quel est le plus grand potentiel que vous voyez dans le Rotary ?

 

 

Nous avons constaté une forte augmentation du bénévolat pendant la pandémie. Nous devons saisir cette opportunité et encourager ces bénévoles à continuer à œuvrer à nos côtés. C’est notre nature profonde de prendre soin des autres. Faire jaillir cette empathie et nous appuyer sur l’esprit de solidarité que nous avons observé pendant la pandémie : si nous réussissons ces deux missions, notre empreinte dans le monde sera extraordinaire. La mort de près de 6,5 millions de personnes de la Covid ne doit pas être vaine. Si notre voix est entendue par tous ceux qui ont retrouvé le chemin du bénévolat durant cette période, alors nous aurons accompli quelque chose.

 

Les journalistes présents à cet entretien ont eux-aussi souhaité y contribuer. Voici un échantillon des questions posées par les rédacteurs du magazine Rotary ( États-Unis) :

 

Pouvez-vous nous expliquer votre thème ? 

 

Le thème de cette année est : Créons de l’espoir dans le monde. Pour moi, tout commence par l’espoir. Pendant l’inauguration d’un village construit par le RIBI ( Rotary in Britain and Ireland) en Thaïlande après le tsunami de 2004, j’ai rencontré une femme d’une cinquantaine d’années dont le visage, vieilli prématurément, portait les stigmates de la souffrance. Le tsunami lui avait tout pris, y compris sa maison, et je remarquai que son nouveau logement était vide de tout objet personnel. Pourtant, elle a insisté pour que je reparte avec le seul bien qui lui restait : un coquillage qu’elle possédait depuis plus de 30 ans. « J’ai tout perdu, m’a-t-elle expliqué, mais le Rotary m’a redonné l’espoir pour continuer à vivre. » J’ai encore ce coquillage. Sans espoir, il nous est impossible d’aller de l’avant. C’est un appel à l’action que je lance : celui de Créer de l’espoir dans le monde.

 

Quelles sont vos priorités ?

 

Dans cet esprit de continuité, nous allons poursuivre notre programme d’émancipation des filles et des femmes. Nous allons également encourager les échanges virtuels, qui contribuent à la construction de la paix. Il ne s’agit pas de mettre fin aux guerres, mais de les empêcher en amont. « Mieux vaut prévenir que guérir » dit l’adage, et chacun de nos axes stratégiques en a le potentiel. 

 

Ma troisième priorité est la santé mentale. La pandémie de Covid a entraîné une fragilisation de la santé mentale chez de nombreuses personnes. Je crois que nous touchons là aux prémices de la prochaine pandémie ; je le vois autour de moi. Nous avons tous vécu de tels épisodes à un moment donné de notre vie. Le Rotary doit faire preuve de courage et engager la conversation sur ce thème et l’impact que nous pouvons avoir. Il s’agit, dans un premier temps, d’ouvrir le débat sur la santé mentale et de faciliter l’accès aux soins à tous ceux qui en ont besoin, puis de les soutenir tout au long de ce parcours.

 

Mon frère s’est suicidé et cet événement est toujours très douloureux pour moi. Je n’en parle pas pour obtenir la sympathie des gens, mais pour leur faire comprendre que les maladies mentales sont un sujet qui nous affecte tous et qu’on ne peut ignorer. Avec notre réseau de 1,4 million de personnes, nous avons les moyens d’agir pour que les maladies mentales soient moins stigmatisées et ne soient plus un tabou.

 

 

Vous avez également servi comme président du Rotary International en Grande-Bretagne et en Irlande (RIBI). Qu’est-ce que cette expérience et ses enseignements vont apporter à vos fonctions de président ?

 

J’ai beaucoup voyagé dans la région pendant ce mandat, et ai réalisé que chaque club et chaque membre est unique, avec des centres d’intérêts qui leur sont propres. J’admets que tout le monde n’est pas aussi passionné que moi – j’ai parfois l’impression d’être un fanatique ! Mais tous les membres ont quelque chose à offrir. Le secret consiste à découvrir leurs centres d’intérêts et à s’assurer qu’ils ont la possibilité de s’investir dans les domaines qui les intéressent. Cela implique de recruter des membres. Pas pour leur dire ce qu’ils doivent faire, mais ce que le Rotary peut faire pour eux.

 

 

 

TEXTE DE LA COMMISSION COMMUNICATION DU ROTARY INTERNATIONAL

Dans la même rubrique

Image Convention End Polio Now à Luxembourg les 26-27 avril

29/03/2024 -

Convention End Polio Now à Luxembourg les 26-27 avril

Réunissant les meilleurs spécialistes de la question - scientifiques et Rotariens - cette rencontre concerne tous les…

Lire
Image À MONACO, UN ROTARY CLUB DE DIMENSION INTERNATIONALE

01/04/2024 - Magazine 848 - Avril 2024

À MONACO, UN ROTARY CLUB DE DIMENSION INTERNATIONALE

Quelles sont les spécificités du Rotary club Monaco par rapport aux autres clubs du district 1730 ? …

Lire

Rechercher un club

la boutique s'abonner