SOMMET ROTARIEN DE BRUXELLES : FINI L’ENTRE-SOI, ON OUVRE LES FENÊTRES !

Magazine 861 - Mai 2025

Jusqu’au 30 juin 2026, Alain Van de Poel est administrateur du Rotary International. Élu de la zone 13(1), membre du Rotary club Wezembeek Kraainem, près de Bruxelles, il représente également la zone 14(2) pendant 2 ans. À ce titre, il lui revient d’organiser un « Institute », grande réunion rotarienne dédiée aux rencontres, aux échanges d’idées, au partage d’informations... Renommé « Sommet » pour l’occasion, celui-ci aura lieu à Bruxelles du 25 au 28 septembre 2025. Denis Crepin, rédacteur du magazine belgo-luxembourgeois Rotary Contact s’entretient à ce sujet avec son compatriote.

Image SOMMET ROTARIEN DE BRUXELLES : FINI L’ENTRE-SOI, ON OUVRE LES FENÊTRES !

En quoi ce sommet baptisé « Fusion » se démarque-t-il d’un « Institute » habituel ?

 

En février 2023, lors d’une réunion des administrateurs européens et africains du conseil d’administration du RI, j’ai suggéré de fusionner tous les « Institutes » couvrant cette vaste étendue géographique en un seul sommet, en y englobant également le Moyen-Orient, soit au total 10 zones, 156 districts et quelque 330 000 Rotariens ! Malgré son côté audacieux, l’idée a été largement soutenue et c’est la capitale belge qui a été choisie pour accueillir l’évènement. Dès lors, tout a dû se mettre en place rapidement.

 

Vu que l’objectif est de réunir 2 000 à 2 500 personnes, le choix du lieu était relativement limité. Il s’est porté sur le Square, admirablement situé : à côté de la Gare centrale, qui offre une liaison directe avec l’aéroport de Zaventem. Le site dispose en outre de toute l’infrastructure nécessaire pour les grandes réunions plénières comme pour les ateliers, avec une quarantaine de petites salles équipées du matériel audiovisuel indispensable. Rien que pour les séminaires des gouverneurs élus et des gouverneurs nommés, on attend quelque 300 participants. Il faut donc prévoir de nombreux espaces pour les différentes formations.

 

 

La rupture se marque-t-elle également sur le fond ?

 

Oui. Sur le plan thématique, l’orientation première fut de se dire « on ne va pas s’écouter parler ». Nous avons voulu rompre avec la tradition bien établie de faire monter sur scène uniquement des dirigeants du RI pour qu’ils délivrent un discours forcément très Rotary-centré, souvent teinté d’autosatisfaction. Nous « ouvrons les fenêtres » en invitant des acteurs de la société civile qui aborderont des sujets susceptibles d’intéresser le grand public. L’adoption d’une grille de tarification très flexible (on peut par exemple s’inscrire pour une seule demi-journée et venir entendre tel orateur ou s’instruire sur telle thématique) devrait entraîner une diversification de l’assistance.

 

Les thèmes qui seront abordés sont chers au Rotary – paix, leadership, santé… – mais nous laisserons à des spécialistes externes le soin de les développer. L’idée est également d’améliorer la perception de notre organisation, encore trop souvent vue comme un groupe d’individus cultivant l’entre-soi et l’autocongratulation. Si ce sont des experts non rotariens qui viennent souligner nos accomplissements, nos combats (exemple parmi d’autres : la polio), alors cela ne pourra que renforcer notre image de marque. Ils seront en quelque sorte notre caution morale. Les préjugés qui courent à notre sujet ne peuvent être cassés que par des interlocuteurs forts, des sommités parfaitement en phase avec ce que nous sommes.

 

 

Comme par exemple ?

 

Le professeur Pierre Van Damme, spécialiste de la vaccination et grand admirateur du Rotary, le microbiologiste Peter Piot, ancien directeur d’ONUSIDA et conseiller de Bill Gates, le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix et défenseur des droits humains... D’autres noms vont encore venir s’ajouter.

 

 

Un scoop pour Rotary Contact ?

 

Nous avons reçu une réponse positive de la part du Palais royal et c’est une première. Nous ne savons pas encore qui de Philippe ou de Mathilde viendra… Peut-être les deux ! Notre invitation ne s’inscrit pas dans une démarche de type honorifique ou protocolaire, elle résulte d’une pure logique : on sait que le roi est très intéressé par la thématique de la paix et la reine par celle de la santé, à travers son engagement humanitaire – deux sujets qui seront largement évoqués au sommet. Ici aussi, la présence de l’un ou de l’autre conférera au Rotary un gage de crédibilité.

 

 

L’organisation d’un tel rassemblement pouvait-elle être confiée uniquement à la bonne volonté des Rotariens ?

 

Non, bien sûr. Par exemple, toute la communication autour de l’évènement a été attribuée à deux jeunes professionnels dynamiques qui ont adopté une approche innovante, notamment en matière d’identité visuelle (voyez à ce sujet l’apparence graphique du site web) et avec l’adoption d’un thème général : Fusion. 

 

 

Pourquoi ce thème-là ?

 

Parce qu’il symbolise l’unification, la convergence d’éléments clés. Le nom Fusion reflète un message révolutionnaire d’ouverture du Rotary envers la société civile, la jeune génération, la diversité, invitant à une collaboration sans précédent : retrouvons-nous tous ensemble autour de nos valeurs communes ! Un thème qui, nous l’espérons, se figera en leitmotiv durable et perdurera ainsi dans le temps. Nous pourrions alors décliner le même type de sommet ailleurs dans le futur.

 

Nous nous sommes efforcés d’instiller la notion de fusion dans chacun de nos choix. Même notre programme culturel en est teinté : le concert à Flagey proposera une création de Lorenzo Gatto (2e prix au concours Reine Élisabeth 2009), ou plutôt une recréation des Quatre Saisons de Vivaldi, mâtinée de sonorités africaines. Mélange des cultures, fusion !

 

 

Séances plénières, ateliers, village de l’amitié, activités annexes… Vous allez faire concurrence à la convention du RI !

 

Je pense qu’il doit y avoir une réflexion globale sur ces grands évènements internationaux et sur leurs implications en termes d’écologie, de finances... Ce n’est pas donné à chaque Rotarien d’aller parfois jusqu’au bout du monde pour assister à une convention. J’ajoute que de nombreuses villes se voient de facto exclues, tant est exigeant le cahier des charges pour la tenue d’une convention du RI. Ce sommet de Bruxelles est un bel exemple d’adaptabilité régionale.

 

Nous avons voulu faire les choses de façon rigoureuse et professionnelle. Aussi, toute une série de postes importants (logistique, hôtellerie, gestion des réservations et des inscriptions...) ont été délégués à des spécialistes de l’évènementiel. Nous ne pouvions pas nous permettre les approximations et l’amateurisme avec une manifestation de cette ampleur !

 

 

Cela n’a-t-il pas fait grimper le budget ?

 

Non car, ici aussi, tout se fait dans la rigueur. La situation est sous contrôle, la meilleure preuve en est que les droits d’inscription sont un peu moins élevés que pour les autres « Institutes », avec de surcroît une offre plus flexible. Toutes les traductions simultanées seront assurées par l’IA, bien plus abordable qu’une équipe d’interprètes. Il faut penser à tout, de l’accueil des participants à l’aéroport jusqu’aux pauses-cafés en passant par les badges et la signalétique, car ce sont souvent ces petits détails qui donnent l’impression d’une organisation bien huilée... ou pas !

 

 

Depuis juillet dernier, vous êtes l’un des 17 administrateurs du RI. Quelles sont les priorités de ce dernier ?

 

Les points cardinaux qui, aujourd’hui, mobilisent en grande partie notre attention sont l’effectif, la Fondation Rotary et la lutte contre la polio. Croyez-moi, le Conseil d’administration du RI est bien conscient que ce sont les clubs qui font le Rotary. Ce sont eux qui ont le sort de notre organisation entre leurs mains. Lorsqu’on regarde les chiffres de l’effectif, il y a de quoi s’inquiéter. Le problème se pose de manière parfois très différente selon les pays et les zones – d’où la notion essentielle d’adaptabilité régionale – mais dans tous les cas, on en revient à l’attractivité de nos clubs. Les membres se sentent-ils impliqués ? Délivrons-nous le bon message au public, aux membres potentiels ? Ce sont nos valeurs qui forgent la spécificité du Rotary, pas nos actions, qui d’ailleurs ne font que découler de ces valeurs !

 

 

Contact: rotary-fusion-summit.org

 

 

(1) La zone 13 du Rotary International est formée par la France métropolitaine, la Belgique, le Luxembourg, Andorre et Monaco.

 

(2) La zone 14 du Rotary International est formée par l’Italie, Malte et San Marin.

 

 

PROPOS RECUEILLIS PAR DENIS CREPIN

 

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