LE LEADERSHIP DANS LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

Rotary Mag 799 - Mars 2020

Secrétaire général du Rotary International et de la Fondation Rotary, John Hewko s’est exprimé le 20 janvier dernier devant les gouverneurs-élus du monde, réunis à San Diego à l’occasion de l’Assemblée internationale, « l’école des gouverneurs. » Il a parlé en espagnol afin de souligner l’internationalité du Rotary.

Image LE LEADERSHIP DANS LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

Nous vivons un moment rare dans l’histoire du Rotary. Il s’agit d’un moment passionnant pour ses dirigeants. Nous nous rapprochons de notre objectif phare qui est d’éradiquer la polio dans le monde. Nos membres montent plus de dossiers de demandes de subventions mondiales que jamais. L’an dernier, la Fondation Rotary a recueilli environ 400 millions de dollars, le second plus haut montant de son histoire.  Cette année, avec l’aide de l’université d’Harvard, nous avons cherché à répondre à cette question : « Combien les Rotary clubs versent-ils au service de leur collectivité ? » Je suis fier d’annoncer que, au-delà des fonds versés à la Fondation Rotary, nos 36 000 clubs ont consacré environ 1,15 milliard de dollars à leur collectivité en 2018.  Si vous ajoutez ce 1,15 milliard de dollars aux 400 millions versés à la Fondation Rotary et aux 850 millions correspondant à la main d’œuvre bénévole (selon une estimation de l’université Johns Hopkins), vous arrivez à plus de deux milliards de dollars ! 

Ce chiffre est vraiment impressionnant et confirme ce que nous savons tous : le Rotary est une des plus belles organisations à faire le bien dans le monde aujourd’hui. 

Plus important que le montant donné au Rotary est ce que les membres pensent du Rotary. Nos enquêtes montrent clairement qu’un grand nombre de nos amis Rotariens estiment que nous devons changer. 

Pourquoi devons-nous changer ?

Les Rotariens comprennent que nous faisons face au niveau mondial à des défis majeurs pour nos clubs, notre cause et notre continuité. Ces questions m’empêchent de dormir et je pense que vous les avez également à l’esprit. 

Pour relever ces défis, nous devons nous poser trois questions critiques : 

Premièrement, dans ce monde en rapide évolution, sommes-nous assez souples pour nous adapter et innover ? 

Deuxièmement, pouvons-nous, en raison du changement annuel de dirigeants, garantir la continuité nécessaire à toute adaptation ? 

Troisièmement, sommes-nous une organisation en phase avec la société au XXIe siècle ? 

Comme le changement est principalement initié au niveau des clubs ou des districts, le leadership de chacun des gouverneurs sera vital. 

Cela signifie que le vrai changement – le changement durable auquel aspire notre plan stratégique – nécessite deux types d’innovation. 

Tout d’abord, l’innovation pour changer le statu quo.
Ensuite, l’innovation pour avoir raison de l’inévitable résistance au changement. 

Pour illustrer ce point, songez à ces deux hommes de Chicago du siècle dernier, qui avaient une vision pour une avenir différent. Vous connaissez bien l’un d’entre eux : Paul Harris, le fondateur du Rotary, qui a été à la tête de l’expansion rapide de notre organisation à travers le monde. Le second visionnaire est un avocat, Russell Baker ; sa grande idée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale a été de créer un cabinet d’avocats vraiment multiculturel et international, du jamais vu à l’époque. Mais lorsque Russell a présenté son idée aux associés du cabinet dans lequel il travaillait, ceux-ci ont cru qu’il était devenu fou. Russell est alors parti ouvrir son propre cabinet qui est devenu l’un des plus importants au monde – Baker et McKenzie. 

Paul et Russell ont dû innover pour changer le statu quo. En réalité, leur risque était le statu quo, de ne pas être assez audacieux pour donner corps à une idée qui n’avait jusqu’alors jamais été mise à l’essai. À leur manière, Paul Harris et Russel Baker ont innové pour bousculer le statu quo et vaincre la résistance au changement. 

Nos clubs, notre cause et la continuité

Alors que vous vous lancez dans une nouvelle aventure en tant que gouverneurs de district, je vous encourage vivement à vous concentrer sur trois questions pratiques, ce que j’appelle les trois C : nos clubs, notre cause et la continuité. 

Tout d’abord, nos clubs qui détermineront notre capacité à nous adapter. Vous pouvez prendre des mesures pratiques en encourageant chacun de vos clubs à élaborer son propre plan d’action. Vous pouvez sortir des sentiers battus et développer le Rotary en créant dans votre district des formules de club enthousiasmantes, même si elles ne respectent pas toutes nos règles. Rappelez-vous que le Rotary ne va pas jouer les gendarmes ! 

Vous pouvez avoir des clubs avec des heures de réunion flexibles. Des clubs où vous pouvez assouplir les règles d’assiduité. Des clubs qui proposent de multiples catégories de membres. Des clubs qui sont attractifs pour des individus plus jeunes et venus d’horizons divers. 

Deuxièmement, notre cause – apporter un changement durable – et la priorité de notre plan d’action qui est d’augmenter notre impact. Notre plan entrevoit des actions pérennes et à plus fort impact qui peuvent prendre de l’ampleur. Ce n’est pas le nombre de livres que vous distribuez qui compte, mais de savoir si votre action permet d’augmenter le taux d’alphabétisation. Ce n’est pas le nombre de puits que vous construisez qui compte, mais la réduction de l’incidence des maladies hydriques. 

Ce sont des actions auxquelles toutes les générations souhaitent participer. Par conséquent, je mets chacun d’entre vous au défi de lancer au moins une action dans votre district qui cible vraiment ce type d’issue et un plus grand impact. 

Troisièmement, la réussite de tout plan d’action repose sur la continuité. Le plan d’action du Rotary couvre cinq ans, ce qui est plus long que le mandat de n’importe quel dirigeant au Rotary. Sans continuité dans chaque district il ne pourra réussir. 

Alors, travaillez avec votre prédécesseur, votre successeur et éventuellement votre gouverneur désigné pour former une équipe soudée qui partage une vision et un plan d’action pour le district. C’est uniquement grâce à nos clubs, à notre cause et à la continuité que nous nous rapprocherons de la concrétisation de notre vision de l’avenir. 

L’avenir du Rotary repose sur l’innovation

Un avenir où le Rotary est l’organisation de choix pour rapprocher les gens les plus brillants, en embrassant les différences générationnelles et sociales. Un avenir où le Rotary est un incubateur dynamique pour les innovateurs. Un bastion pour des gens d’action qui bousculent le statu quo pour le bien. Un endroit où de nouveaux membres sont venus nous rejoindre parce qu’ils se rendent compte clairement des avantages à long terme. 

Bien entendu, ce ne sera pas facile. Le président John Kennedy, lorsqu’il expliquait pourquoi les États-Unis se devaient d’avoir la suprématie de l’exploration spatiale, disait : « Nous avons choisi d'aller sur la Lune au cours de cette décennie et d'accomplir d'autres choses encore, non pas parce que c'est facile, mais justement parce que c'est difficile. » 

Et le leadership dont vous devrez faire preuve au Rotary nécessitera des changements et des décisions difficiles. Vos idées rencontreront sans doute une opposition, mais vous avez tous choisi de relever ce défi. 

Parce que le risque n’est pas d’être audacieux et d’initier le changement. Le risque est de ne pas être ouvert au changement et de ne pas être assez audacieux. Je suis convaincu que vous êtes tous capables de prendre des risques, d’être audacieux et d’apporter des changements durables. 

Grâce à votre leadership, le Rotary continuera de se développer de changer, de Connecter le monde et d’Ouvrir des opportunités. 

 

 

En 2018, les Rotariens ont consacré l’équivalent de plus de deux milliards de dollars à la collectivité.

 

John Hewko, pionnier de la conquête de l’Est

Avocat américain, John Hewko est embauché fin 1989 par le cabinet Baker & McKenzie afin d’ouvrir des bureaux a? Moscou avec deux autres avocats. En 1991, il s’installe en Ukraine, pays que ses parents avaient quitte? a? la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il ouvre dans la capitale ukrainienne des bureaux et devient membre fondateur du Rotary club de Kiev. Il aide une commission parlementaire a? re?diger une constitution pour l’Ukraine devenue indépendante et prodigue des conseils pour des projets de loi. John Hewko aide des entreprises occidentales a? pe?ne?trer le marche? ukrainien, alors inconnu.

Il est depuis 2011 secrétaire général du Rotary International et de la Fondation Rotary.

 

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