UN PLAN D’ACTION POUR RENFORCER L’ATTRACTIVITÉ DES CLUBS

Les Rotary clubs de France doivent relever un grand défi, celui d’une meilleure attractivité. Depuis plus de 10 ans, les nombreuses créations de clubs et la féminisation accrue des effectifs (26% actuellement) ne suffisent pas à freiner une érosion régulière des effectifs. L'âge moyen des membres est de 62 ans en France, contre 58 ans dans le monde.

L’enquête menée l’an passé par Rotary Mag montre la nécessité de clarifier le profil des membres : des professionnels reconnus qui partagent des valeurs éthiques. La réaffirmation des fondamentaux du Rotary et sa dimension professionnelle sont les éléments clés de la mise en place d’un plan d’action et d’une stratégie de redynamisation des clubs.

La réaffirmation des fondamentaux

Il est nécessaire de rappeler l’objectif du Rotary : servir l’intérêt général. Les valeurs de camaraderie, d’intégrité, de diversité, de service et d’exemple incarnent son esprit. Les nombreuses actions réalisées contribuent à l’entente entre les peuples. Alors que l'éthique professionnelle et le service à la communauté incarnaient l’esprit des fondateurs du Rotary, on constate de nos jours une réelle orientation des clubs vers l’action l'humanitaire au détriment du professionnalisme. L'importance de recentrer le Rotary sur son essence d'organisation humaniste de professionnels, plutôt que purement humanitaire, apparaît nécessaire au groupe de réflexion. Revenir aux fondamentaux du Rotary demande de privilégier les 5 domaines d’action du Rotary : l’action intérieure (cohésion du club), professionnelle, d’intérêt public (différent de l’humanitaire), internationale, jeunesse.

Suivre un plan d’action stratégique

Afin d’assurer l’avenir du Rotary par le renouvellement de ses effectifs, il est indispensable d’avoir une vision qui porte au-delà de son propre club. Intégrer la génération montante est au cœur du plan qui encourage de confier des responsabilités aux jeunes Rotariens. Il importe que chaque club dispose d’une équipe inspirante afin d’accompagner les changements indispensables à l’adaptation du Rotary à l’ère moderne. Cette équipe doit faire prendre conscience de l’évolution nécessaire du Rotary, en particulier sur la question du recrutement. Le groupe de réflexion s’est interrogé sur les limites de la cooptation traditionnelle face aux changements sociaux. Si le système de cooptation est à maintenir, notamment en invitant les professionnels retraités à recruter leurs homologues actifs, de nouvelles stratégies de recrutement, notamment par les réseaux sociaux, sont encouragées. Diversifier les approches, tout en promouvant une camaraderie ouverte, accueillante et inclusive au sein des clubs est recommandé.

Le groupe de réflexion insiste sur l'importance d'améliorer la communication rotarienne, tant interne qu’externe. Cela implique une adaptation des Rotariens aux transformations numériques, en particulier l'utilisation des réseaux sociaux. Pour cela, les clubs doivent séparer leur réseau social interne de celui destiné au grand public. Il apparaît nécessaire de former les membres à l'utilisation des outils numériques les plus modernes.

Un diagnostic indispensable de tout club

Établir un diagnostic est une étude que doit réaliser chaque club, qu’il soit en difficulté, en période transitoire ou en situation dynamique. Un club en bonne santé peut en effet rapidement décliner en cas d’immobilisme ou d’imprévus (départ inattendu de plusieurs membres très investis etc.).

Trois solutions sont proposées pour l’accompagnement d’un club en déclin, qui n’est plus en mesure de changer de cap : créer un autre club, sinon un club satellite (8 personnes au minimum suffisent), fusionner avec un autre club. Ces solutions favorisent une plus grande attractivité pour des personnes que l’on souhaite recruter.

Tout club est encouragé à solliciter l’accompagnement d’un Rotarien extérieur, plus à même d’avoir un regard différent des personnes dans le club. Ce regard extérieur peut être l’Adjoint du gouverneur (ADG), le responsable de l’effectif du district ou un membre de l’équipe effectif de district, sinon un Rotarien expérimenté proposé par le gouverneur. En tout état de cause, le club demeure autonome et c’est son équipe dirigeante qui conduit le changement nécessaire.

Pour un club en situation transitoire, c’est-à-dire en perte de vitesse et qui s’est éloigné du monde professionnel, l’accompagnement consiste à sensibiliser le club aux attentes des nouvelles générations.

Un club dynamique est encouragé à assurer son rayonnement et poursuivre son renouvellement afin de rester attractif.

Les critères pour un bon diagnostic

Le groupe de réflexion estime qu’une situation satisfaisante d’un club s’appuie sur 9 critères :

• - Mixité : au moins 40% de femmes…ou d’hommes,
• - Âge moyen : au-dessous de 62 ans,
• - Recrutement annuel : au moins 10%,
• - Taux de participation aux réunions et actions : plus de 75%,
• - Don à la Fondation Rotary/polio : au moins 135 $,
• - Présidence : totalement tournante,
• - Impact des actions : fort,
• - Vie du club : dynamique,
• - Perception du club par le territoire : actif.

À la lumière des résultats obtenus, chaque club nomme un « pilote du changement » qui, avec une équipe dédiée, définit et met en place le plan d’action.

Accepter et faire accepter le changement

Tout profond changement entraîne des réactions émotionnelles, décrites par la psychiatre suisso-américaine Élisabeth Kübler-Ross. Depuis le choc de stupéfaction, suivi du déni, de la colère, voire de la dépression émergent l’acceptation, l’expérimentation, la décision puis l’intégration. Pour arriver à ce résultat, l’accompagnant du club l’informe sur l’urgence de la situation, guide la remise en question, encourage la remobilisation et, enfin, reconnaît l’engagement du club revenu sur la bonne voie.

Le rôle de l’accompagnant dans les changements à entreprendre par le club en difficulté est tout d’abord de démontrer la nécessité de rompre avec les acquis ; une tâche difficile face à un déni de la réalité que l’on constate souvent. Il est indispensable de dialoguer de manière constructive avec l’ensemble des membres ; la bonne pratique pour l’accompagnant est de s’appuyer sur des membres favorables à la transformation du club. En cas de doute de certains membres restés nostalgiques du passé, l’accompagnant met en valeur les premiers résultats du plan d’attractivité, qui peut être l’admission d’un membre grâce à une nouvelle méthode de recrutement. Lorsque l’acceptation du changement est perceptible, l’accompagnant lance des projets innovants impliquant anciens et récents membres ; c’est l’occasion de valoriser l’expérience des anciens tout en impliquant les derniers membres admis au club. On arrive à la phase de consolidation lorsque les résultats positifs apparaissent ; il s’agit de pérenniser les bonnes pratiques mises en place en encourageant les partages d’expériences intergénérationnelles entre membres. La cohésion du club est renforcée, ses actions seront efficaces, et son attractivité affermie.

L’attractivité du Rotary est entre vos mains

Le groupe de réflexion souhaite que le plan stratégique proposé soit triennal ; il sera très prochainement finalisé après avoir été présenté aux instances dirigeantes du Rotary International. Ce plan stratégique sera notamment présenté lors des assemblées de formation des districts ainsi que lors des Séminaires de formation des présidents élus (SFPE) de la région 14* et des séminaires de rentrée des districts. Les responsables de cette dernière accompagneront les districts dans la mise en place de ce plan qui donnera aux clubs les outils pour réussir le changement attendu. Les Rotariens restent les acteurs du changement.

Contacts :

Lionel Rieulier, coordinateur Image publique de la région 14 du Rotary International lionel.rieulier@gmail.com

Jocelyne Le Gall, adjointe du coordinateur de la région 14 jocelyne.legall13@gmail.com

*Région 14 du Rotary International : France métropolitaine, Belgique francophone, Luxembourg, Andorre, Monaco.

TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON