LE ROTARY, UNE VOIX DANS LE CONCERT DES NATIONS

L’expertise et l’influence apportées par des Rotariens lors de la création de l’Onu et de l’Unesco au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le caractère international du Rotary et sa volonté de rapprocher les peuples expliquent les liens particuliers qui existent. Des relations renforcées par de nombreux programmes du Rotary qui vont dans le sens des buts recherchés par les institutions internationales.

Des liens historiques profonds

En 1942, alors que l’issue de la guerre est encore incertaine, un district anglais organise à Londres une conférence à l’intention des ministres de l’éducation et des observateurs de 21 gouvernements - dont la majorité en exil - afin d’étudier un ambitieux projet d’échanges éducatifs et culturels. Les travaux de cette rencontre servent à la fin de la guerre à la création de l’Unesco, agence onusienne dont les statuts sont élaborés par cinq commissions, dont la première est présidée par le Dr Wallace, Rotarien canadien.

La participation du Rotary se poursuit en avril 1945 lors de la conférence de San Francisco qui officialise la création de l’Onu, en présence de représentants de 50 nations. À cette Conférence sont également conviées une quarantaine d’Organisations non gouvernementales (ONG) ; le Rotary est particulièrement bien représenté avec 11 délégués américains, conduits par Richard Wells, président du Rotary International. Cet effectif augmente dans les semaines qui suivent, comme l’atteste O. Oberg, membre du Rotary club Sydney, venu participer aux travaux : « 27 Rotariens sont présents en tant que délégués ou conseillers techniques ». Le secrétaire d’État américain – Edward Stettinius – déclare dans le magazine The Rotarian d’août 1945 : « Les représentant du Rotary ont apporté une contribution considérable à la Charte elle-même, en particulier pour l’élaboration des dispositions concernant le Conseil économique et social. »

Depuis ces actes fondateurs, les liens entre ces institutions et le Rotary perdurent par l’entremise de représentants.

Un réseau de représentants très implantés

Présent dans 90% des pays du monde, agissant sur nombre de domaines en faveur du progrès de l’humanité, le Rotary concourt au rapprochement des peuples et à la paix dans le monde. Pour ces différentes raisons, le Rotary bénéficie du plus haut degré de statut auprès des organisations onusiennes et bénéficie pour la plupart d’entre elles de représentants, coordonnés par un doyen, actuellement Judith Diment, Rotarienne d’Angleterre. Ce « Rotary representative network » comprend actuellement une vingtaine de personnes, attachées au siège de l’Onu à New York, à ses différentes agences telles que l’OMS, l’Unicef, le Haut-commissariat aux réfugiés, ainsi qu’à des organisations internationales de premier plan (voir encadré). Membre principal ou suppléant (alternate), chacun de ces représentants est spécialisé dans un domaine, que ce soit la jeunesse, les programmes de développement, la santé ou l’émancipation des femmes… Il intervient lors des travaux auxquels il participe, expose une synthèse sur l’action du Rotary dans le domaine débattu, met éventuellement en contact un officiel de l’institution avec un dirigeant du Rotary International pour approfondir une question.

Un partenariat original

Contrairement à la très grande majorité des associations partenaires des organisations internationales, le Rotary a la particularité de ne pas être une association demandeuse de crédits, mais d’être fournisseur de fonds, en particulier à travers sa puissante Fondation ; cette originalité la caractérise et renforce sa représentation au sein de ces assemblées où siègent de nombreuses ONG ainsi que les délégués des États.

Une inflexion de la stratégie du Rotary

Ces récentes années ont vu le Rotary International modifier sa représentation auprès des organisations : des postes de représentants ont été supprimés (Conseil de l’Europe à Strasbourg, bureau de l’ONU à Vienne, Commission économique et sociale des Nations unies à Beyrouth) et une relation a été établie avec le bureau de l’Unesco à Nairobi. « La stratégie du Rotary International est de cibler davantage l’action que la représentativité elle-même" estime Cyril Noirtin, représentant du Rotary auprès de l’Unesco à Paris. Ce dernier explique que le fondement d’une représentation repose sur l’existence de programmes qui contribuent à la réalisation des sept axes stratégiques du Rotary. Lors de la dernière assemblée générale de l’Unesco, Cyril Noirtin a pu s’exprimer trois minutes, soulignant notamment le rôle joué par les Rotariens dans l’éradication de la polio.

Le profil des représentants a récemment évolué : alors que le Rotary International avait tendance à nommer d’anciens gouverneurs - voire d’anciens administrateurs - les représentants désignés ces dernières années sont avant tout des spécialistes et des techniciens. C’est par exemple le cas du Pr Pierre Hoffmeyer, chirurgien orthopédiste, Rotarien genevois, qui représente le Rotary International auprès de l’OMS. On note également un rajeunissement dans les récentes nominations, que ce soit Tatjana Kobb, représentante auprès de l’UNDP ( Programmes de développement des Nations unies à New York) ou Laura Regouby, représentante adjointe auprès de l’Unesco ; ces deux Rotariennes ont moins de 40 ans.

Le Rotary day, une tribune publique

À plusieurs reprises a été organisé un Rotary day, journée mettant en valeur dans une enceinte onusienne l’action du Rotary. Ce fut le cas à plusieurs reprises au siège de l’ONU à New York où les dirigeants du Rotary et de la Fondation Rotary se sont exprimés devant des représentants des États, d’ONG et d’un public cosmopolite. Ouvertes au public, ces séances permettent de valoriser l’action planétaire des Rotariens tout en prenant contact avec des partenaires qui agissent pour les mêmes objectifs. Les dernières éditions du Rotary day ne se déroulent plus au siège de l’Onu, mais dans les murs de plusieurs de ses agences : à l’Unicef en 2021, à l’OMS en 2022. Un projet de Rotary day au siège de l’Unesco à Paris est actuellement à l’étude. On assiste ainsi à une transition qui rend ces journées davantage thématiques.

Octobre 2022 : rencontre publique OMS-Rotary à Genève

Le Rotary International et l’Organisation mondiale de la santé organisent une réunion sur « un avenir plus sain pour les mères et les enfants » au siège de l’OMS à Genève, les 21 et 22 octobre 2022.
Le directeur général de l’OMS - Tedros Adhanom Ghebreyesus - et la présidente du Rotary International - Jennifer Jones – insisteront sur la lutte contre la polio qui est le grand combat du Rotary International ; ils évoqueront le travail que les deux organisations réalisent conjointement depuis des décennies et comment elles continueront à travailler ensemble pour un avenir plus sain pour les mères et les enfants. 

« Des experts des vaccins et de la santé infantile présenteront les nombreuses possibilités de services préventifs que les enfants, sauvés de la polio et d'autres maladies évitables par la vaccination, peuvent avoir » explique Jean-Luc Perrin, représentant du Rotary à l’office des Nations unies à Genève. 
Pour s’inscrire: www.rotarymch.ch

Le nombre de places étant limité, il sera possible de suivre la conférence en livestream.

Des ambassadeurs du Rotary

Au fil du temps, les représentants du Rotary sont devenus des experts, non seulement des thèmes afférents aux institutions auxquelles ils sont attachés, mais aussi du Rotary. Régulièrement réunis par la direction du Rotary International, principalement en visioconférence, ils suivent des séances de formation, se coordonnent et reçoivent une feuille de route. Véritables ambassadeurs du Rotary, ils s’expriment en son nom, valorisent son action, lui font remonter les informations émanant des organisations internationales.

Le Rotary est apprécié comme partenaire efficace ; il apparaît important qu’il soit présent auprès des instances internationales, ce qui est valorisant vis-à-vis de personnes qui peuvent le rejoindre afin d’agir. En effet, le rôle que prend la société civile dans tous les aspects de la politique démontre que la voix du Rotary doit être portée devant les tribunes les plus internationales.

TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON