BAITULLAH, DERNIER ENFANT PARALYSÉ PAR LE VIRUS SAUVAGE DE LA POLIO ?

Magazine 818 - Octobre 2021

Depuis le début de l’année 2021, seuls deux cas causés par le virus sauvage de la polio ont été enregistrés dans le monde. L’an dernier, à la même date, 94 enfants avaient été paralysés à vie. Pouvons-nous espérer que le gigantesque programme d’éradication de la polio, initié en 1985 par le Rotary International et dirigé par l’OMS, touche au but ?

Image BAITULLAH, DERNIER ENFANT PARALYSÉ PAR LE VIRUS SAUVAGE DE LA POLIO ?

Baitullah, fils de Hikmatullah, vit au sein d’une famille pauvre dans un village du district de Kila Abdullah au Baloutchistan (Pakistan) près de la frontière avec l’Afghanistan. La population y est principalement Pachtoun (tribu des Duranni).

Baitullah n’a jamais eu accès aux services de vaccination de la province. Il a 28 mois quand, le 21 janvier dernier, ses deux jambes sont paralysées. Il a contracté la poliomyélite.

 

Le virus sauvage de la poliomyélite lutte pour sa survie dans les deux derniers pays où il circule encore de manière endémique : le Pakistan et l’Afghanistan. En effet, le Nigeria, longtemps réservoir mondial du virus, a officiellement été déclaré libéré de la polio au mois d’août 2020, quatre ans après que la petite Ya Fana Ali a contracté la maladie dans l’État de Borno.

Depuis 1985, le Rotary se mobilise pour éradiquer ce virus, transmis par l’eau souillée. Il envahit le système nerveux central causant, parfois, la paralysie ou même le décès. Il n’existe aucun traitement de la polio, mais la maladie peut être évitée par la vaccination.

Depuis 1985, les Rotariens ont mobilisé plus de 2,2 milliards de dollars et un nombre incalculable d’heures de bénévolat partout dans le monde. Grâce aux efforts du Rotary et à ceux de ses partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite, cette maladie qui paralysait un enfant toutes les deux minutes dans 125 pays, est enfin sur le point de disparaitre.

À ce jour, le dernier cas de polio causé par le virus sauvage voilà près de 10 mois est donc le petit Baitullah. Est-ce enfin l’aboutissement de 35 ans d’efforts ? Pouvons-nous vraiment y croire après avoir été si souvent déçus par les rebonds de l’épidémie ?

 

 

Le virus, au plus bas dans les eaux usées

 

Nous sommes confortés, cette fois, dans notre optimisme, car la présence du virus dans les eaux usées est au plus bas. En 2017, alors que nous avions cru toucher au but, le Pakistan ne recensant que huit cas de polio, le virus continuait quand même d’être détecté régulièrement, partout dans le pays dans les prélèvements effectués dans les égouts. Même s’il ne paralysait que peu d’enfants, il circulait activement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Au cours du deuxième trimestre 2021, seulement 5% des prélèvements contenaient le virus (contre 27 % au cours du trimestre précèdent et 53% pour toute l’année 2020). Pour autant, nous ne pouvons pas nous permettre d’être complaisants. Le virus a un grand talent pour trouver les enfants non vaccinés qui lui permettent de se reproduire et de survivre.

 

 

La dernière ligne droite continue de coûter cher

 

Tant que l’Organisation mondiale de la santé n’aura pas certifié l’éradication (trois ans après la dernière détection du virus sauvage), il faudra poursuivre nos efforts de levées de fonds.

Il faut vacciner 450 millions d’enfants tous les ans dans 60 pays vulnérables, où, si le virus revenait, il se propagerait comme une traînée de poudre et s’installerait à nouveau. Dans ces pays, des flambées causées par les virus dérivés de la souche vaccinale paralysent les enfants que les campagnes de vaccination n’ont pas réussi à atteindre. Il faut aussi continuer de faire fonctionner les laboratoires pour traquer le virus dans ses moindres retranchements en analysant les prélèvements effectués sur les enfants paralysés ou bien dans les eaux usées, partout dans le monde.

Le 16 juin dernier, Bill Gates déclarait : « La persévérance d'innombrables Rotariens me donne l'espoir de parvenir à un monde sans polio. Je tiens à remercier le Rotary pour ce partenariat continu ».

 

Le 24 octobre 2019, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS s’adressait aux Rotariens : « En cette Journée mondiale contre la polio, j'ai deux messages. Le premier est un remerciement simple et sincère au Rotary. Tout ce que vous avez fait nous a conduits au bord d'un monde sans polio. Deuxièmement, je vous demande de redoubler d'efforts pour cette dernière poussée. Nous ne pouvons pas réussir sans vous »

Une dernière bonne raison, et pas la moindre, pour ne pas baisser les bras est que tant que le virus ne sera pas totalement éradiqué, il pourra revenir et frapper à notre porte. Ce fut le cas en 1992 quand, importé d’Inde, il avait paralysé plus de 50 enfants aux Pays-Bas avant de se propager au Canada, ou, plus récemment, en 2016, à l’occasion des Jeux Olympiques lorsqu’il avait été détecté à Rio. Nous le comprenons maintenant trop bien, les virus ne respectent aucune frontière ! 

 

Nous touchons au but. Nous autres, Rotariens, pouvons être fiers du rôle, reconnu mondialement, que nous avons joué et que nous continuons de jouer dans cette extraordinaire entreprise d’humanité.

 

 

TEXTE DE MICHEL ZAFFRAN, membre du Rotary club Gex Divonne, est coordinateur End polio now de la zone 13 du Rotary International (France, Belgique, Luxembourg, Andorre et Monaco).

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