CALGARY, LA CONVENTION QUI CÉLÈBRE LES 120 ANS DU ROTARY
Du 21 au 25 juin s’est déroulée la grande rencontre annuelle à laquelle tous les Rotariens et conjoints du monde sont conviés. Un événement marqué par la mise en place d’une gouvernance mondiale très européenne, une importante place accordée aux initiatives de paix du Rotary, et des moyens très renforcés obtenus par la Fondation Rotary grâce à des soutiens apportés du monde entier.

Plus de 15 000 participants se sont rassemblés dans la principale ville de l’Alberta ; un chiffre comparable aux conventions de ces dernières années, mais bien au-deçà des 25 000 personnes qui avaient assisté à la précédente convention de Calgary en 1996, ou à celle de Toronto en 2018. Le Canada est un pays où le Rotary à de fortes racines, implanté dans toutes les villes, même les plus modestes.
Le Canada, pionnier du Rotary
Jusqu’en 1910, le Rotary était une association exclusivement américaine. À cette date fut créé un club à Winnipeg, capitale du Manitoba, et le Rotary devint international (l’appellation de Rotary International fut officiellement adoptée lors de la convention de 1912).
Le Canada est, après les États-Unis, le pays qui a le plus accueilli de conventions : 5 à Toronto, 2 à Montréal et 2 à Calgary, en comptant celle de juin 2025.
Un Canadien, né en 1862, est considéré comme le « Marco Polo du Rotary » : James W. Davidson fut un grand voyageur et introduisit le Rotary dans plusieurs pays ; avec son ami Layton Ralston, ils se sont rendus en Australie et en Nouvelle-Zélande où ils fondèrent en 1921 les premiers clubs de ces pays. James Davidson voyagea à la fin des années 1920 au Moyen-Orient et en Extrême-Orient où il créa des clubs dans 23 pays. L’élection de Jennifer Jones, membre du Rotary club Windsor Roseland (Ontario) comme première présidente du Rotary International (2022-2023) confère une nouvelle fois un rôle pionnier au Canada. Ce pays aime rappeler ses origines, comme l’a démontré la séance d’ouverture.
Un hommage aux peuples autochtones
Il est de coutume de présenter lors de la cérémonie d’ouverture un à un les drapeaux des nations où existe le Rotary. La convention de Calgary a innové en présentant en premier les drapeaux des tribus indiennes qui peuplent l’Alberta, faisant intervenir plusieurs de leurs représentants. À l’entrée de la Maison de l'amitié – le village où sont rassemblés les stands rotariens – on ne pouvait manquer un tipi de 6 mètres de haut parrainé par le district local. Chacun pouvait être informé de la culture et des aspirations des peuples autochtones.
Le président que l’on attendait pas
L’un des moments forts d’une convention est la présentation de celui qui va présider le Rotary International quelques jour plus tard. Coup de théâtre cette année, le président brésilien qui devait prendre les rênes du RI au 1er juillet a renoncé à ses fonctions le 8 juin dernier. Choisi le 14 juin par le conseil d’administration du RI, l’Italien Francesco Arezzo eut tout juste le temps de préparer sa présentation devant les congressistes. Il a expliqué avec grande humilité qu'il n'avait pas voulu accepter dans un premier temps les postes de président de club et de gouverneur de district en raison de son bégaiement, mais que le fort soutien des Rotariens l'a convaincu d’accepter ces fonctions qui l’ont mené jusqu’au poste de président du RI. Francesco Arezzo a décrit son engagement à travers le message présidentiel Unis pour faire le bien :« il s'agit d'impliquer tous les membres, mais pas seulement, dans nos actions. Cela signifie impliquer des partenaires, des administrations locales, d'autres associations afin d’étendre notre portée » a-t-il déclaré.
Une gouvernance européenne historique
L’élection d’un président du RI italien coïncide avec la prise de fonctions de l’Allemand Holger Knaack à la tête du conseil d’administration de la Fondation Rotary ; d’autre part, Alain Van de Poel, Rotarien de Belgique, est nommé vice-président du RI. Jamais dans les 120 d’histoire du Rotary les Européens n’ont eu une telle représentation. Le conseil d’administration du RI, formé de 19 membres, compte cette année 6 Européens, 6 Asiatiques…contre seulement 4 Américains, ce qui souligne une évolution significative des effectifs suivant les continents.
Un accent sur la promotion de la paix
David LaMotte, musicien originaire de Floride, avait abandonné une carrière prometteuse pour devenir boursier du Rotary pour la paix. Aujourd’hui diplômé du Centre Rotary pour la paix de l’université de Queensland (Australie), il a effectué plus de 3 000 concerts au sein d’un trio interconfessionnel : un chrétien, un juif et un musulman. Il a dédié en séance plénière une chanson sur la paix en jouant à la guitare, avant d’expliquer son parcours.
Une grande évolution des Centres du Rotary pour la paix se dessine. Ces formations universitaires de niveau Master, qui accueillent des professionnels pour se spécialiser sur des questions relatives à l’entente des peuples, sont renforcées. Après l’ouverture d’un nouveau centre à Istanbul en février dernier, un autre sera inauguré l’année prochaine en Inde, à Pune.
La première promotion de boursiers du Centre du Rotary pour la paix implanté à l’université Bahçe?ehir d’Istanbul a été présentée en séance plénière Ce programme de troisième cycle offre une formation avancée pour les professionnels de la paix et du développement en se concentrant sur le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. La création d'un autre Centre du Rotary pour la paix, à l'université internationale Symbiosis de Pune, permettra à des personnes qui se destinent à des fonctions en lien avec les conflits (diplomates, journalistes, responsables d’ONG etc.) d’approfondir leurs connaissances en matière de prévention et de résolution de conflits. « Les boursiers de Symbiosis se concentreront sur les efforts de construction de la paix en Asie », a déclaré Stephanie Urchick, précisant « qu’avec chaque nouveau centre, nous construisons un réseau d’artisans de la paix qui sont des experts locaux avec une portée mondiale ».
Le Rotary International avait convié Tawakkol Karman, prix Nobel de la paix en 2011, à répondre aux questions d’un journaliste américain. L’interview de cette militante yéménite de la cause des femmes s’est transformée en tribune politique, chose tout à fait inhabituelle au Rotary, et encore plus lors d’une convention. Très critique envers les compétences de l’ONU qu’elle appelle à se réformer, Tawakkol Karman a déclaré qu'une paix véritable ne peut s'imposer que lorsque l'injustice est démantelée, que les droits sont rétablis et que la dignité humaine est préservée. Trop souvent, a-t-elle dit, « la responsabilité a été sacrifiée au nom du maintien de la stabilité, récompensant les forces militaires et sectaires tout en abandonnant les sociétés qui saignent sous le poids de la répression. » S'agissant de l'état de la démocratie mondiale, elle s'est déclaré alarmée par « l'érosion des libertés non seulement dans les États autoritaires, mais aussi dans les démocraties de longue date ». Des propos bruyamment désapprouvés par des centaines de Rotariens lors de la séance de clôture.
Le meilleur outil du Rotary pour favoriser la paix demeure sa Fondation, dont les réserves viennent de franchir un cap symbolique très encourageant.
2 milliards de dollars atteints par la Fondation Rotary
Le Fonds de dotation de la Fondation Rotary vient d’atteindre les 2 milliards de dollars, ce qui consolide son rang parmi les plus grandes fondations privées au monde. Ces actifs nets assurent une sécurité financière et des ressources aux projets des clubs, notamment pour les subventions mondiales auxquelles tout club certifié peut prétendre pour une action portant sur l’une des sept causes prioritaires du Rotary, avec le concours d’au moins un club étranger. Le seuil des 2 milliards de dollars représente un doublement du Fonds de dotation de la Fondation Rotary en 10 ans. « Vos dons, vos promesses et votre dévouement ne comptent pas seulement aujourd'hui, ni cette année, mais aussi pour les générations futures de Rotariens », a déclaré Mark Maloney, président sortant du conseil d’administration de la Fondation Rotary. Rappelons que la plus forte subvention proposée par la Fondation concerne les programmes d’économie d’échelle.
Le développement des pays émergents fortement soutenu
Depuis 5 ans, la Fondation Rotary accorde chaque année une subvention unique de 2 millions de dollars pour les programmes d’économie d’échelle. Cette subvention est attribuée pour amplifier des projets rotariens qui ont fait leurs preuves, ont obtenu un impact indéniable et durable auprès de la population, avec leur concours et celui de partenaires. Jusqu’à présent, ce sont des actions de santé qui ont obtenu cette grande subvention (lutte contre le paludisme en Zambie, contre le cancer du col de l'utérus en Égypte, réduction de la mortalité de mères et de nouveau-nés au Nigeria) ; une nouvelle orientation a été donnée en 2024 pour aider sur cinq ans 60 000 agriculteurs de quatre états de l’Inde grâce à des pratiques d’agriculture et de gestion de l’eau durables.
Cette année, la subvention des programmes d’économie d’échelle est annoncée lors de la convention de Calgary en faveur d’un programme de paix en Colombie. Le programme « Vers la paix et la prospérité en Colombie » implique un partenariat entre la Fondation Rotary et le Programme alimentaire mondial des Nations unies ; il a pour but de doter les populations d'outils leur permettant d'être autonomes sur le plan économique. « Ce programme renforcera la capacité de résolution des conflits, et étendra l'accès aux opportunités économiques et aux programmes de services sociaux dans les régions touchées par les conflits », a déclaré Mark Daniel Maloney. Il précise que « l'objectif à long terme est de briser le cycle de la violence, de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire pour les victimes de conflits afin de parvenir à une paix durable ». Le Programme alimentaire mondial des Nations unies contribue à l'initiative à hauteur de 1 million de dollars, ce qui porte le financement total à 3 millions de dollars.
Le Rotary, l’OMS et Bill Gates unis contre la polio
Des messages vidéo du directeur général de l'OMS - Tedros Adhanom Ghebreyesus – et de Bill Gates ont été diffusés. Le directeur général de l’OMS fait part de son attachement à poursuivre avec le soutien du Rotary le programme d’éradication de la polio dans le monde, un engagement repris par le président de la Fondation Bill & Melinda Gates. « Les prochaines années seront déterminantes pour l'éradication de la polio. Si nous ne redoublons pas d'efforts, la maladie pourrait réapparaître dans des pays où l'on pensait qu'elle avait disparu pour de bon. Tout dépend de l'engagement continu des gouvernements, des professionnels de la santé et du Rotary »a déclaré Bill Gates aux Rotariens. Le Rotary et la Fondation Gates ont ainsi renouvelé leur partenariat de longue date visant à éradiquer la polio, en annonçant un engagement conjoint de 450 millions de dollars pour soutenir l'effort au cours des trois prochaines années.
Rendez-vous à Taïpei
La convention de Calgary, marquée par les traditions de l’Ouest canadien avec des spectacles de rodéos, de hockey sur glace, avec des milliers de participants portant le chapeau de cowboy et scandant des « yahoo », prend fin en donnant rendez-vous dans la capitale de Taïwan, du 13 au 17 juin 2026. Une convention qui sera cette fois à la saveur de l’Extrême orient, et qui attend tous les membres qui souhaitent partager l’internationalité du Rotary.
Le stand et la réception de Rotary Mag
Comme à l’accoutumée, le stand du magazine francophone a été le point de rencontre des congressistes de langue française. Issus d’une vingtaine de pays, ils se sont retrouvés le mardi soir au cocktail de Rotary Mag. Une occasion pour chacun de converser avec des Rotariens d’autres pays, d’établir des contacts pour d’éventuelles actions. L’invité d’honneur, le vice-président 2025-2026 du RI, Alain Van de Poel, déclare « il faut maintenir la francophonie au sein du Rotary, je suis heureux de parler français dans une organisation internationale. » Concernant l’impact que doivent avoir les clubs, il estime « que l’on doit parfois accepter de passer de l’amateurisme au professionnalisme pour agir efficacement. »
Christine, volontaire du service d’ordre
Une convention du RI fait appel à des Rotariens bénévoles pour renseigner et orienter les congressistes pour assurer le bon déroulement des événements. Christine Hoffart, membre du Rotary club Metz-Sud est l’une de ces volontaires. « Formatrice en anglais, et assistant pour la première fois à une convention, je me suis portée volontaire, comme cela est demandé lors de la confirmation de l’inscription ». Ceinte d’une écharpe, cette ancienne Rotarienne de Norvège oriente les participants par créneau de 3 heures. « Tous sont souriants et viennent vers toi, il y a un grand esprit d’ouverture. J’ai été émue de rencontrer Sylvia Whitlock, une Californienne qui fut la première présidente d’un Rotary club au monde. »
TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON
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