CAMPAGNE D’ASSAINISSEMENT AU BÉNIN

- Magazine 865 - Septembre 2025

Le Rotary club Paris Avenir construit depuis 2021 des toilettes sèches agroécologiques au Bénin, d'abord dans la commune de Savalou puis, depuis cette année, dans les cinq autres communes du département des Collines. Une action d’envergure, soutenue par la Fondation Rotary, une agence de l’eau et un syndicat d’assainissement, qui s’accompagne par une éducation des enfants aux règles de l’hygiène.

Image CAMPAGNE D’ASSAINISSEMENT AU BÉNIN

En préparant son dossier de demande de subvention mondiale auprès de la Fondation Rotary, le Rotary club Paris Avenir avait indiqué une formation à l'hygiène. Il s’est vite rendu compte que les personnes à former devaient être les enfants. Dans ce pays où 77 % de la population défèquent à l'air libre en milieu rural, 10 enfants continuent de mourir chaque jour, presque tous à cause de l'ingestion d'eau contaminée et au manque d'installations sanitaires hygiéniques. La quasi-totalité des ménages n’utilise aucun moyen pour traiter l’eau et seuls 13 % d’entre eux utilisent des toilettes améliorées (22% en milieu urbain contre 6% en milieu rural).

 

Changer les mentalités demande de la pédagogie

L'éducation de la population est faible et lutter contre une habitude ancestrale reste difficile. La population comprend peu que déféquer à l'air libre ou jeter dans la nature le sac plastique dans lequel ils ont déféqué, tue ou donne des diarrhées. Dans ce cadre, les Rotariens interviennent dans une école primaire et un collège de Savalou pour sensibiliser les enfants à l'hygiène. Après avoir obtenu les autorisations nécessaires de l'administration, nous demandons aux directeurs de sélectionner des enseignants pour encadrer le projet. Parents d’élèves et responsables des cantines scolaires sont également impliqués. Pendant les vacances, trois demi-journées sont consacrées à les former à l'hygiène, allant de l'eau au lavage des mains, à la toilette du corps, au lavage des habits, aux menstruations, à la défécation. Des comités d'hygiène sont créés dans les classes, composés de deux enfants et d’un adulte. Puis commence la sensibilisation à l’eau, source de vie sur terre. Pour ce faire, sont utilisées des « boîtes à images » très parlantes.

 

Dialoguer avec les enfants

Le but des boîtes à images est de faire connaître aux élèves les bonnes mesures de transport, de stockage et de consommation de l’eau potable. Les encadrants s’entretiennent avec les enfants sur leurs modes de gestion de l’eau, du point d’eau à la maison et à l’école. Ils attirent l’attention des écoliers sur les bonnes et mauvaises pratiques qu’ils avaient. Les formateurs les amènent à réaliser que l’eau peut devenir source de mort ou de maladie par de mauvaises pratiques. Ils formulent des messages clés qui leur serviront pour la restitution auprès de leurs camarades. L’un des messages clés est : « je dois protéger l’eau du point d’eau à la maison ou à l’école dans un récipient propre ». Puis est abordée la gestion de l’eau.

Le but de cette thématique est de montrer comment préserver la bonne qualité de l’eau potable. Quatre bons comportements sont illustrés :

  • - Le transport de l’eau en récipient fermé ;
  • - Le stockage, toujours en récipient fermé ;
  • - La consommation : le récipient est bien fermé et les tasses couvertes ;
  • - Le nettoyage des récipients d’eau : ils doivent être nettoyés régulièrement à l’eau et au savon.

 

Une évaluation de l’hygiène à l’école

Un tour permet de classer en trois niveaux la qualité de l'hygiène dans l'école : existence ou pas d'un point d'eau potable, présence et utilisation de latrine, hygiène de la cuisine, lavage systématique des mains...

Les adultes demandent aux écoliers de matérialiser les lieux de l’établissement où de mauvaises pratiques sont observées. Ces lieux deviennent les cibles prioritaires d’amélioration.

Comme l’une des deux écoles n’a pas de point d’eau potable, les Rotariens regardent avec les services communaux les démarches à entreprendre pour en obtenir un auprès des services de l’état ou de la mairie. Les latrines sont obsolètes dans une école et pas assez nombreuses dans l’autre ; la construction de toilettes agroécologiques est prévue.

 

Un apprentissage de l’hygiène quotidienne

Une séance permet d’échanger avec les écoliers sur les bons comportements à adopter en matière d’hygiène. Leur attention est attirée sur la protection des aliments, la douche, le balayage de la classe et de l’école, la vaisselle une fois un bol utilisé à la maison pour manger. Un message clé est retenu : de bonnes pratiques d’hygiène individuelle protègent des maladies et permettent de rester en bonne santé.

Un théâtre sur le lavage des mains est organisé ; le lavage des mains, une des pratiques essentielles pour prévenir les maladies d’origine hydrique, est enseigné à travers des jeux de rôle, chaque apprenant du comité d’hygiène tient un rôle et a un message spécifique à partager avec ses camarades. Le théâtre insiste sur les cinq moments primordiaux du lavage des mains : avant de manger, après les selles, après avoir changé une couche-culotte, avant de donner à manger à un enfant et avant de cuisiner. Après cette séance de sensibilisation, il fallait outiller les établissements scolaires pour faciliter ces pratiques : les élèves sont formés à la fabrication d’un dispositif de lavage des mains avec des bidons d’huile.

Une autre séance permet de dialoguer sur les différentes maladies liées à l’eau polluée, leur mode de transmission et comment faire pour ne pas tomber malade. Pour éviter la diarrhée, la gale, le ver de Guinée et la Bilharziose, encadrants et apprenants dressent la liste des bonnes pratiques à observer, notamment : éviter de boire de l’eau des marigots ; s’il y a obligation, la filtrer, la faire bouillir, éviter de se baigner dans l’eau stagnante.

 

Une sensibilisation pérenne

Une réunion de conclusions a lieu à la mairie avec les directeurs des établissements scolaires afin d’évaluer l’impact des actions de sensibilisation. Dès la rentrée de septembre, ce programme d’hygiène est planifié dans 12 nouvelles écoles et les Rotariens s’assurent qu’il est toujours bien en place dans les deux écoles actuelles. Pour cela, un budget est prévu dans la phase 3 du plan d’hygiène (116 000 €) financé par l’Agence de l’eau Seine Normandie (AESN) et par le Syndicat intercommunautaire pour l’assainissement de la région de Cergy-Pontoise et du Vexin (SIARP), partenaires du Rotary club Paris Avenir.

De plus, trois jeunes dentistes françaises viendront bénévolement en novembre dans ces 14 écoles pour initier les enfants à une bonne hygiène bucco-dentaire. À suivre…

 

Contact : thierry.hamelin@hamelinbrands.com

 

 

TEXTE DE THIERRY HAMELIN

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