UNE ÉCHAPPÉE SOLIDAIRE EN SOLITAIRE
Philippe Sudres débute son mandat de président du Rotary club Toulouse-Sud sur les chapeaux de roues : les roues de son vélo sur lequel il réalise un tour de France de 6000 km afin de collecter des fonds en faveur d’enfants malades.
À peine retraité, cet ancien cadre de banque entreprend un exploit sportif, soutenu par le club qu’il préside depuis le 1er juillet. Ce tour de France a la particularité de longer toutes les frontières de l’Hexagone et de recevoir le soutien logistique, humain, voire financier des nombreux Rotary clubs rencontrés sur le parcours.
Qu’il vente, qu’il pleuve ou sous un soleil de plomb
La grande boucle débute à Biarritz le 20 août ; il fait très chaud lors la traversée des Pyrénées. Philippe explique le choix de la cité basque comme point de départ : « je tenais à débuter ce tour de France par de grands dénivelés, tant que mon organisme était frais. J’ai beaucoup souffert les premiers jours à travers les Pyrénées et j’étais même envahi par le doute sur mes capacités physiques à poursuivre. » Philippe a tenu bon, cramponné au guidon d’un lourd vélo flanqué de deux sacoches à l’avant et de deux autres à l’arrière. Le cycliste, fort de plus de 30 ans de pratique individuelle, a décidé d’être autonome et emporte avec lui tout le nécessaire pour vivre 60 jours loin de chez lui.
Les fortes chaleurs et les dénivelés ne sont pas les seuls obstacles : il roule parfois sous la pluie, comme entre Granville et Saint-Malo où il fait face à un vent contraire. « Les Rotariens de Saint-Malo étaient inquiets de mon retard – plus d’une heure – et j’en ai compris les raisons 5 km avant l’arrivée : un comité d’accueil à bord de voitures de collection et des policiers municipaux motorisés m’ont escorté jusqu’au centre-ville ! »
Entre Dunkerque et Boulogne-sur-Mer, il affronte la tempête alors que ses hôtes rotariens lui proposent de le garder jusqu’à l’accalmie. Peine perdue, Philippe a un calendrier à respecter, des amis qui l’attendent. Rien ne le fait dévier de sa trajectoire au cours des 60 étapes, pour revenir comme prévu à Biarritz le 25 octobre. Au cours de ces deux mois, il n’aura bénéficié que de cinq journées de repos, une toutes les dix étapes…
Un parcours minutieusement préparé
Des mois de préparation ont été nécessaires pour mener à bien ce grand projet. « Six amis du Rotary club Toulouse-Sud se sont chacun chargés de dix étapes du parcours, contactant les Rotary clubs situés le long des frontières. » Philippe est accueilli par 35 Rotary clubs sur ce circuit, invité à loger et se restaurer au domicile d’un Rotarien, ou dans un hôtel choisi par le Rotary club local. « À plusieurs reprises, mon passage dans une localité a coïncidé avec la réunion statutaire du club, ce qui m’a permis de m’exprimer sur les motivations qui m’ont poussé à entreprendre ce tour de France. » En cette période troublée par la pandémie de Covid-19, le passage de Philippe est apparu comme une motivation pour les Rotary clubs rencontrés. À de nombreuses reprises, les Rotariens lui témoignent que « ton action redonne vie au Rotary à un moment où l’on a le plus grand mal à relancer l’activité du club. » La joie des Rotariens rencontrés se traduit à plusieurs reprises par un accompagnement en vélo, à l’instar du président du Rotary club Barcelonnette qui pédale jusqu’au col de Vars. Ce regain d’activité se constate aussi par l’intérêt suscité par la presse locale et régionale qui cite à de nombreuses reprises son action. Un article est même publié dans Le Parisien lorsque Philippe passe au Luxembourg, pour un départ d’étape symbolique à Schengen. « Ce type d’action avec une si belle aventure donne une image extrêmement positive de la communauté rotarienne auprès de personnes rencontrées qui avaient une image floue du Rotary » constate le cycliste médiatisé.
Le soutien de deux associations œuvrant pour des enfants malades
Ce passionné de vélo pédale en faveur d’Hôpital Sourire, association dont l’objet est d’améliorer le quotidien d’enfants hospitalisés au CHU de Toulouse, entre autres par l’hébergement des parents à proximité. L’autre association soutenue, AT Europe, est dédiée à une maladie orpheline qui touche notamment Romane, l’enfant d'un collègue de la banque où travaillait Philippe. Il souligne que « l’une des associations est locale, l’autre à une vocation internationale, ce qui laisse un choix aux donateurs. » Tout au long du parcours, des dons d’argent sont faits, soit sur les deux cagnottes en ligne mises en place, soit par des remises de fonds par les Rotary clubs et le public rencontrés. Des entreprises sponsorisent cette initiative, ainsi que des associations professionnelles (Medef, CGPME), la région Occitanie et le département du Lot dont est originaire Philippe. La communication réalisée tout au long du périple sur le blog de Philippe, accompagnée de photos d’étapes, relayée sur les réseaux sociaux par deux Rotariennes de Toulouse-Sud, fait boule de neige.
« Rotarien depuis 12 ans, j’ai été atteint très jeune du syndrome « altruiste » maladie auto immune dont on ne guérit jamais ; à l'aube d'une nouvelle vie – celle de la retraite – c’est l'occasion de mettre toute mon énergie et mon cœur au service des enfants malades. » Un engagement personnel, soutenu par les membres du Rotary club Toulouse-Sud, entendu et compris tout au long des 6000 km parcourus.
Contact : ph.sudres@gmail.com
Site : https://tourdefrance-hopitalsourire.fr/
Des frontières traversées
En collant au plus près des contours de l’Hexagone, le cycliste se retrouve parfois en dehors de son pays : en Belgique, au Luxembourg et en Suisse.
La médaille de la Ville de Nice
Parmi les faits marquants de son périple, Philippe Sudres est reçu par des élus municipaux de Nice qui lui remettent cette distinction.
TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON
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