Alors que le progrès scientifique acquis par l’homme au cours de son évolution est fulgurant, même s’il joue parfois à l’apprenti sorcier, on constate qu’après plus de trois millénaires où des milliers de philosophes et de théologiens ont cherché à proposer des règles pour bien vivre ensemble, les êtres humains s’entretuent toujours pour régler leurs désaccords. Le mal serait donc consubstantiel à l’homme ?
TEXTE DE JEAN MAYER
Pendant des siècles, l’humanité a considéré que la guerre était inhérente à l’homme, et que la marche du monde ne serait qu’une alternance de période de guerre ou de paix. Cette alternance classique a été quasiment remplacée aujourd’hui sur la scène internationale par « un continuum compétition-contestation-affrontement », comme l’a expliqué le général Burckhardt, chef d’État-major des armées françaises. La notion même de paix est devenue floue, si bien qu’il n’est pas toujours simple de situer la phase du conflit dans ce continuum, danscette indifférenciation entre le civil et le militaire, dans les guerres hybrides ou dans La guerre hors limites, théorisée par les Chinois. Néanmoins, la guerre reste toujours, un phénomène irrationnel, et pourtant des gens sensés la déclenchent. Nous sommes devant un paradoxe : tous les hommes rêvent de vivre en paix et pourtant ce sont presque toujours les bellicistes qui finissent par prendre des décisions dramatiques. Or, il existe d’autres manières de régler ces différends en dehors de la guerre. Heureusement des voix s’élèvent pour proposer des solutions pour la paix. Comme le dit Élie Barnavi, « la guerre n’est pas une fatalité humaine ».
Évitons d’avoir une vision binaire du monde
Ainsi, pour parler de la paix, il faut d’abord contextualiser les conflits, ne pas regarder de façon binaire le bien d’un côté, le mal de l’autre, il faut au contraire arriver à ce que les ennemis se reconnaissent afin de les amener à dialoguer. Éviter de manipuler l’opinion publique et de diaboliser l’ennemi. Il semble que Baruch Spinoza peut nous inspirer : ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas détester,mais comprendre. Il ajoute : « la paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice »...