La Grande barrière de corail - le plus grand récif corallien du monde - est un joyau de biodiversité qui abrite 1 500 espèces de poissons, 400 types de coraux, 4 000 espèces de mollusques et 30 espèces de mammifères marins. Cependant, cet écosystème fragile est menacé par le changement climatique, la pollution plastique et le ruissellement des terres agricoles. Il est urgent de le protéger car entre 1995 et 2020, la Grande barrière de corail a perdu plus de 50 % de sa couverture corallienne. Grâce aux avancées technologiques et à une mobilisation collective, il est encore possible de limiter les dégâts et d’assurer la pérennité de cet écosystème unique.
TEXTE DE LUDOVIC GROSJEAN
La fréquence des épisodes de blanchissement a quadruplé en 40 ans, et d’ici 2050, plus de 90% des récifs mondiaux pourraient être gravement affectés si aucune mesure concrète n’est prise. Dans ce contexte, le développement et le déploiement de technologies marines innovantes sont essentiels pour surveiller, atténuer et inverser les dommages subis par cet écosystème. Le blanchissement des coraux est une conséquence directe de l’élévation des températures océaniques. Lors des événements de 2016 et 2017, plus de 60 % de la Grande barrière a subi un blanchissement massif, avec une mortalité atteignant 50 % dans les zones les plus touchées.
En tant qu’océanographe, j’ai participé au déploiement de capteurs thermiques sous-marins. Ce type de capteur est idéal pour observer les anomalies de température allant jusqu’à +2,5°C par rapport aux moyennes saisonnières. Ces données sont utilisées pour prédire les zones les plus vulnérables et pour orienter les efforts de restauration, notamment à travers le repeuplement de coraux thermorésistants et la gestion des stress environnementaux supplémentaires (pollution, surpêche). Cependant, sans une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, ces efforts risquent d’être insuffisants : certaines études estiment que d’ici 2100, 99 % des coraux pourraient disparaître si la température mondiale dépasse +2°C par rapport à l’ère préindustrielle.
La pollution plastique, un fléau invisible
Chaque année, 8 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans, la Grande barrière de Corail n’échappe pas à cette pollution. Les courants marins amènent des microplastiques jusque dans les récifs, où plus de 50 % des espèces marines les ingèrent. En 2019, des analyses ont montré que 100 % des échantillons d’eau prélevés dans le récif contenaient des microplastiques.
Les résultats sur le récif sont alarmants ...