CRÉER UN ROTARY CLUB AVEC DES JEUNES
La question de l’attractivité d’un Rotary club pour des jeunes membres potentiels se pose souvent. L’une des solutions les plus efficaces est d’inviter des impétrants à rejoindre un club naissant, la présence d’autres personnes du même âge facilitant l’adhésion. Regards sur plusieurs expériences récemment vécues.

Maureen, Antoine, Binnur, Oriane, Greg … tel est le noyau du comité du tout nouveau Rotary club Avignon Avenir. Sa particularité : une moyenne d’âge de 30 ans seulement. Avant de recevoir sa charte le 12 septembre dernier, le club en gestation avait entrepris une forte communication de leur projet à travers les réseaux sociaux. Exposant leur volonté de servir à travers des actions aussi bien locales qu’internationale, les premiers membres ont convié à leurs réunions, autour d’un verre, les personnes intéressées de rejoindre ce nouveau club. De fil en aiguille fut rassemblée la vingtaine de membres nécessaire à la création du club.
Trois mois auparavant, le Rotary club Strasbourg Avenir (la jeunesse est porteuse d’avenir) recevait aussi sa charte. « Un club adapté à son époque » résume son président fondateur, l’ancien gouverneur Jean-Marcel Ritter qui souligne que ce club accueille d’anciens bénéficiaires des programmes du Rotary et des personnes qui ont déposé sur le site www.rotary.org une demande d’adhésion. « La plupart d’entre eux sont des actifs, la moyenne d’âge est d’environ 40 ans. Pour cette raison, le fonctionnement du club est adapté à leurs contraintes professionnelles et à leur disponibilité : alternance de réunions en visioconférence et en présentiel, cotisation minimale, etc. » détaille Joëlle Gasser-Dossmann, membre du club et ancienne gouverneure elle aussi. Fiers de leur engagement à servir, les jeunes membres clament « si tu n’es pas empathique et altruiste, tu n’es pas Rotarien ».
Ils n’ont parfois pas 25 ans…
Philippe Henry, 24 ans, est membre fondateur du Rotary club Strasbourg Avenir. Rotaractien auparavant, cet auditeur interne de banque avait eu beaucoup d’échanges avec des membres de Rotary clubs, et a été séduit à l’idée de participer à la vie du tout récent Rotary club strasbourgeois. « Le projet de ce nouveau club répondait aux problématiques d’aujourd’hui, en particulier la défense de l’environnement ainsi que la sensibilisation des jeunes générations à ces questions. » Il précise « apprécier que le Rotary ait assoupli au fur et à mesure ses règles (assiduité, niveau de responsabilité professionnelle etc.) afin de permettre une plus grande diversité des profils dans ses effectifs. » De l’autre côté de la France, Antoine Lalot est également devenu Rotarien en 2022, à l’âge de 24 ans. Collaborateur de notaire, il est membre fondateur du Rotary club Créon Vallon Mascaret (Gironde). « Ce qui m’a convaincu de rejoindre ce club naissant ? Le fait de réaliser des actions d’intérêt général en groupe, ce qui est beaucoup plus facile que tout seul.» Il cite en particulier l’organisation d’une vente aux enchères destinée à soutenir la recherche contre le cancer à l’Institut Bergonié de Bordeaux, ainsi que d’un loto pour réaliser les rêves d’enfants très malades. « L’une de mes amies était Rotarienne et m’a convaincu sans peine de devenir Rotarien » confie Antoine.
Les nouvelles formes de clubs favorisent l’admission de jeunes
Plus souples dans leur mode de réunion, moins onéreux, davantage adaptés à la mobilité de nombreuses personnes en activité professionnelle, les e-clubs, clubs satellites ou clubs passeport (voir Rotary Mag de septembre 2022, pages 6-9) attirent de nombreux jeunes.
C’est notamment le cas du Rotary Golfe de Saint-Tropez, fondé en 2022, dont la moyenne d’âge est de 40 ans. « Les jeunes sont l'avenir du renouveau du Rotary car ils font preuve de réactivité, innovation et adaptation ; des qualités indispensables pour allier plaisir et service au Rotary » estime Caroline Riche, présidente fondatrice du club. Le club passeport a l’avantage de permettre à ses membres en fréquents déplacements – dans le pays ou à l’étranger - de participer aux activités d’autres Rotary clubs, en particulier aux actions d’intérêt public. « C'est un club qui se veut flexible et innovant : l'accent est mis sur le jumelage des clubs, l’absence de réunion avec repas, l’organisation en commissions où chaque membre peut s'inscrire au grès des actions »explique la présidente fondatrice.
Des Rotaractiens, au cœur de la création d’un Rotary club
Des membres d’un club Rotaract ayant atteint un certain âge décident de rejoindre un Rotary club en formation, et sont parfois à l’initiative de cette création.
En 2021 est né le Rotary club Biot Templiers (Alpes-Maritimes), en partie composé d’anciens Rotaractiens. Océane Grim était peu auparavant Rotaractienne lorsqu’elle est devenue présidente fondatrice de ce nouveau club. « Le club a été fondé à partir d’un club satellite, avec des membres dont la moyenne d’âge est de 36 ans ; la cotisation annuelle est de 500 €, ce qui peut aider des jeunes à entrer au Rotary » déclare-t-elle. À peine né, le Rotary club Biot Templiers lance un salon pour l’emploi et la jeunesse qui réunit des entreprises de nombreux secteurs d’activité de la région. Un Rotary club formé de jeunes est plus à même de répondre aux aspirations de la jeunesse.
Des anciens du programme d’échanges de jeunes
Au Chili, 26 anciens bénéficiaires du programme Students exchange viennent de fonder le Rotary club Sin Fronteras (Sans frontière). Une initiative née de l’action de la commission des effectifs du district qui s’est appuyée sur celle du Student exchange. Disposant d’une base de 150 noms, ces personnes ont été contactées pour une réunion… qui s’est soldée par un échec car seules quatre étaient présentes. « Ce n’était pas ce à quoi on s’attendait, mais trois de ces anciens étaient tellement enthousiastes à l’idée de créer le club, qu’ils ont décidé de se lancer » explique Fernando Pinto Nercelles, un Rotarien à l’origine de cette idée. Une autre stratégie a été alors adoptée : chaque membre de la commission des échanges de jeunes du district a été invité à contacter au moins trois anciens bénéficiaires de ce programme qu’il connaissait. Leurs contacts ont été appelés à leur tour à inviter d’autres amis à une nouvelle réunion de retrouvailles. Bingo ! Une centaine d’anciens ont participé à l’événement : « tous ont été ravis de renouer avec le Rotary, de revivre la belle expérience de leur échange à l’étranger et de savoir qu’il existe un moyen de donner en retour au Rotary pour tout l’impact positif que celui-ci a eu dans leur vie » témoigne Fernando.
La clé de la réussite est d’avoir suggéré la création d’un Rotary club composé de jeunes ayant tous une expérience du Youth Exchange, désireux de travailler ensemble et de faire appel à leurs réseaux dans le cadre d’actions, devenant aussi des mentors pour les nouveaux participants aux échanges. La jeunesse appelle la jeunesse !
La seule création de clubs formés essentiellement de jeunes ne suffit pas : ils doivent s’inscrire dans le paysage local, se développer et accueillir d’autres membres. L’essai doit être transformé !
TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON
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