Dirigeant du Rotary International, le gouverneur a la charge d’un district qui regroupe en moyenne une soixantaine de Rotary clubs, mais qui parfois en compte cent. Son principal rôle est d’animer une équipe au service des Rotary clubs auxquels s’ajoutent les clubs Rotaract et Interact afin d’encourager la concrétisation des objectifs du Rotary et soutenir le thème du président du Rotary International. Le gouverneur facilite le travail des dirigeants des clubs en leur apportant conseils et informations, sans directives, dans le respect de l’autonomie des clubs, principe fondamental du Rotary.
Tout Rotarien n’est pas éligible à la fonction de gouverneur compte tenu de plusieurs exigences.
Des conditions statutaires et des usages
Dans la mesure où la fonction requiert une expérience rotarienne suffisante, les statuts du Rotary International demandent que le candidat ait au moins sept ans d’ancienneté au Rotary au moment de prendre les fonctions de gouverneur. Il doit en outre avoir exercé une année entière de présidence de club. Au-delà de ces conditions statutaires, une personne amenée à gérer un district doit avoir fait preuve d’une grande implication dans son club et il est souhaitable qu’elle ait exercé des responsabilités au sein de ce même district. Le Rotarien proposé par son club pour le gouvernorat s’engage à prendre toutes les dispositions professionnelles et personnelles afin de pouvoir exercer un mandat d’une année. Si toutes ces conditions sont réunies, le dossier du Rotarien proposé par son club sera examiné par une commission de nomination du district.
Une commission de nomination représentative
Une commission de nomination est formée d’anciens gouverneurs parmi les plus récents, ainsi que de présidents de Rotary clubs tirés au sort, en principe lors de l’assemblée générale ou de l’assemblée de formation du district selon des modalités qui peuvent être différentes selon les districts. À ce jour, certains clubs font savoir qu’il serait préférable d’attribuer un droit de vote par club en fonction de leur effectif compte tenu de la grande diversité de taille (de 5 à 450 membres dans le monde). Des suppléants sont prévus en cas d’empêchement de se rendre à la réunion à laquelle sont auditionnés les candidats. Un club qui présente un candidat ne sera pas représenté à cette commission pour des raisons d’impartialité. Le gouverneur invite les clubs à proposer un de leurs membres, au moins deux mois avant la date limite de dépôt des candidatures. Celles-ci doivent être soumises par résolution adoptée lors d’une réunion statutaire du club.
Jean-Philippe Duroché, membre du Rotary club Riom Châtel-Guyon, a été choisi pour être le gouverneur 2024-2025 du district 1740 (Massif central). « Lorsque le gouverneur a demandé aux clubs du district de proposer un candidat, mon club m’a présenté et j’ai préparé un dossier présentant mon cursus personnel, professionnel et rotarien. Lors de mon audition devant la commission de nomination, j’ai répondu aux questions sur ma vision du Rotary et sur les axes que je souhaitais encourager. Cette audition d’une trentaine de minutes a été faite individuellement, tous les candidats se sont exprimés séparément les uns après les autres devant la commission. Cette sélection a eu lieu pendant le Séminaire de formation des présidents élus (SFPE) et ma désignation a été annoncée rapidement. Par respect pour les candidats qui ne seront pas retenus, aucune indication n'est donnée, tout au long de la procédure de sélection, sur le nombre de postulants ni sur leur identité. »
Cet entretien est conçu différemment selon les districts : il peut s’agir d’un discours ou d’une présentation avec jeu de questions/réponses. Il est suivi d’un vote à bulletins secrets qui peut ou non être précédé d’un débat entre les électeurs hors la présence des candidats.
Chaque district décide de la composition de sa commission de nomination : le nombre de membres qui la compose, ainsi que la proportion de présidents de club et d’anciens gouverneurs varie d’un district à l’autre.
Toute campagne électorale est strictement interdite, même par personnes interposées. Il est arrivé qu’un candidat doive retirer sa candidature car un ami bien intentionné l’a présenté et a vanté ses qualités dans des clubs, faisant ainsi campagne, parfois sans s’en rendre compte. « La commission de nomination doit choisir le Rotarien le plus compétent possible » détaille le Manuel de procédure du Rotary International. Cette compétence s’exprime dans l’aisance verbale, mais aussi dans la capacité à gérer une association à but non lucratif, à animer une équipe de bénévoles et à porter une vision dans le cadre fixé par le Rotary International. C’est pourquoi les commissions de nomination doivent porter une grande attention au cursus professionnel des candidats dont l’expérience va permettre de développer l’image du Rotary dans les sphères d’intervention des Rotary clubs.
La commission de nomination est également invitée à élire l’un des anciens gouverneurs du district, proposé par le candidat gouverneur, au poste de vice-gouverneur. Le rôle de ce dernier est de remplacer le titulaire dans le cas où celui-ci se trouve dans l’incapacité temporaire ou permanente d’assumer ses fonctions. C’est ainsi que Bernard L’Huillier, qui avait été gouverneur du district 1660 en 2012-2013, a dû exercer une deuxième année de gouvernorat en 2021-2022 à la suite de la démission pour raison de santé du gouverneur en titre Jean-Luc Schmerber.
Si le candidat est sélectionné plus de deux ans avant sa prise de fonction, il devient le gouverneur désigné (DGD) ; il portera le titre de gouverneur nommé (DGN) entre 12 et 24 mois avant le début de son mandat, puis de gouverneur élu (DGE) l’année précédant sa prise de fonctions.
Si le recours à la commission de nomination est le mode le plus utilisé dans le monde, il existe deux autres possibilités de nomination, comme le stipule l’article 12.020 du Règlement intérieur du Rotary International : le vote des clubs ( procédure utilisée notamment par les districts 1510 et 1730) et le vote lors de la Conférence de district.
Un recours est possible
Un club peut contester le choix de la commission de nomination et maintenir la candidature qu’il lui avait proposée. Cette candidature en opposition, soumise par résolution du club adoptée lors d’une réunion statutaire, est transmise au gouverneur dans les 14 jours après l’annonce du choix de la commission de nomination. Le gouverneur communique aux clubs le nom du ou des candidats en opposition dûment présentés. Les clubs votent, au prorata du nombre de ses membres, pour un candidat au cours d’une réunion statutaire. Il est également possible d’effectuer ce vote lors de la conférence de district. Les recours sont fort heureusement rarissimes car les procédures de désignation sont scrupuleusement respectées, dans l’esprit rotarien. En outre, le conseil d’administration du Rotary International peut suspendre la désignation d’un gouverneur s’il estime qu’il est dans l’incapacité de s’acquitter de ses responsabilités.
Si les délais le lui permettent, le gouverneur organise un vote des clubs pour choisir un remplaçant. Dans le cas contraire, le conseil d’administration peut nommer un remplaçant, suggéré par le district.
Un remplacement est prévu
Il arrive que le candidat choisi ne puisse pas exercer ses fonctions le moment venu. Il est permis que son successeur puisse anticiper sa prise de fonctions, mais si tel n’est pas le cas, le collège des anciens gouverneurs est consulté pour trouver rapidement une solution.
Bruno Lemercier, membre du Rotary club Laon, sera de nouveau gouverneur du district 1670 le 1er juillet prochain, après avoir été gouverneur en 2021-2022. Ce « redoublement » est la conséquence du renoncement de la personne élue il y a deux ans. Cette proposition des anciens gouverneurs du district 1670 a été approuvée par le conseil d’administration du Rotary International.
Un gouverneur n’est pas élu au suffrage direct des Rotariens ou des clubs, mais sélectionné par un mode d’élection indirect. Ce système qui privilégie le choix fait par des responsables aguerris a l’avantage de mieux cerner les capacités des personnes proposées. Il assure la pérennité du Rotary dans sa gouvernance, au service des clubs et de leurs membres.
Des règles édictées dans le Manuel de procédure
La nomination d’un gouverneur est codifiée de façon très précise dans les articles 12,13 et 16 du règlement intérieur du Rotary International.
TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON