DES RÉPONSES POUR DÉVELOPPER LES EFFECTIFS DES CLUBS
Jean-Marie Lataste, expert-comptable, membre du Rotary club Bordeaux, a été nommé par la présidente Jennifer Jones coordinateur du Rotary pour la région 14 (France, Andorre, Monaco, Belgique francophone et Luxembourg) pour 2022-2025. Il apporte des pistes de réflexion sur la redynamisation des clubs rotariens en fidélisant davantage nos membres par une meilleure prise en compte de leurs aspirations, en recrutant des jeunes membres attirés pour notre réseau professionnel d’excellence et en créant d’autres clubs adaptés à notre temps.

Quelles sont les missions du coordinateur du Rotary ?
Il a en charge le développement des effectifs rotariens et rotaractiens de sa région. Il bénéficie d’une équipe impliquée et motivée qui comprend pour la région 14 cinq assistants : les anciens gouverneurs Jacky Chef (D.1790), Jocelyne Le Gall (D.1760), Rémy Mannes (D.2170), ainsi que l’ancien coordinateur national du Rotaract Pierre-François Rémy, et l’ancienne présidente du Rotary club La Ciotat Ceyreste Christine Hauguel-Damiens.
Cette équipe, restreinte et expérimentée, est au service des gouverneurs et de leurs successeurs pour leur permettre de se former à leurs futures responsabilités en lien avec les « trainings leaders » nommés par Evanston et reste à leur disposition lorsqu’ils sont en responsabilité. Elle participe, à l’invitation des gouverneurs élus, aux formations qu’ils mettent en place, chacun dans leur district à l’attention des présidents élus de clubs et de leurs équipes.
À l’échelle mondiale, quel constat faites-vous ?
La croissance des effectifs rotariens a atteint un plateau vers 1995 à 1 200 000 membres. Depuis, l’effectif masculin a régressé de plus de 220 000 membres, compensés par l’arrivée d’un effectif féminin d’un niveau équivalent.
Au 30 novembre 2022, les effectifs issus des clubs rotariens, dans les six premiers pays d’implantation du Rotary, étaient dans l’ordre les États-Unis (280 695 membres), l’Inde (175 856), le Japon (84 622), la Corée du Sud (69 605), l’Allemagne (57 671), le Brésil (50 886). La France métropolitaine, avec Andorre et Monaco, comptait alors 27 786 membres ; la Belgique francophone et le Luxembourg 4 756. Les effectifs décroissent dans les pays d’implantation traditionnelle du Rotary, en particulier en Amérique du Nord, Grande-Bretagne, Australie et Scandinavie ; ils se développent en Asie, particulièrement en Inde et en Corée. En France, les effectifs décroissent depuis plus de dix ans alors qu’ils se développent en Allemagne et en Italie. Nos effectifs avec les Rotaractiens sont, actuellement, voisins de 1 400.000 membres.
Qu’est-ce le « produit Rotary » ? Le Rotary a deux jambes, l’une ne va pas sans l’autre : le Rotary poursuit le bonheur personnel par l’action professionnelle et simultanément le bonheur public par ses actions humanitaires, sociales et plus largement en faveur de la paix.
Comment fidéliser les membres ?
Une majorité des membres qui nous rejoignent nous quittent dans les deux ans ; leurs attentes n’ont donc pas été satisfaites. Notre attention doit se porter sur les moins de 40 ans qui ne représente plus que 7% de l’effectif de la région 14…il en va de l’avenir de nos clubs !
Nous avons effectué, en février 2022, une enquête sur les attentes auprès de quatre générations de gouverneurs et auprès des Rotaractiens par tranche d’âge*. Il en ressort que l’action professionnelle est plébiscitée par les 25-40 ans qui attendent d’être mentorés et de partager nos réseaux professionnels. Les 40-65 ans sont généralement installés dans la vie et estiment que s’ouvrir aux autres donnent du sens à leur vie ; ils souhaitent continuer à partager leur réseau professionnel et s’ouvrir aux actions en faveur des autres en fonction de leurs disponibilités. Ils sont aussi prêts à mentorer les plus jeunes. Les 65-80 ans souhaitent aussi accompagner les jeunes professionnels et disposent de temps pour s’investir dans les causes sociales et humanitaires. Les plus de 80 ans représentent la mémoire des clubs et sont toujours heureux de participer aux actions.
Amitié, bienveillance, considération, mais aussi toutes les valeurs rotariennes comptent pour toutes les générations de Rotariens
Cette enquête ne constitue qu’un cadre général. Il appartient à chaque président élu de club d’écouter les attentes de chacun des membres et de son conjoint, plusieurs mois avant son entrée en fonction, afin d’adapter le plan d’action pluriannuel de son club pour la future année rotarienne en ne laissant ainsi personne au bord du chemin.
L’égo rotarien nous fait perdre, chaque année, de nombreux membres. Il nous pousse à nous sentir supérieur aux autres. A-t-on toujours besoin d’avoir raison ? Nous avons, chacun à apprendre, à laisser sa place aux autres.
Le président a un rôle déterminant, il lui appartient de concilier les différentes attentes de ses membres tout en conservant l’unité et la cohésion du club.
Pourquoi recruter des membres ?
Chaque année, chaque club perd, en moyenne, au moins 10% de ses effectifs. Les décès, démissions, mutations sont une réalité . Aussi, chaque club doit recruter pour assurer sa pérennité de nouveaux membres, en prenant en compte la diversité de son lieu d’implantation. Nous devons continuer à recruter les meilleurs professionnels si nous voulons toujours faire envie et rester un réseau professionnel d’excellence.
Est-il nécessaire de créer des clubs rotariens ?
Comme toute organisation humaine, les clubs naissent, vivent et certains disparaissent. Nous devons les aider à rebondir sur leurs effectifs, ce qui n’est pas toujours possible. Il est alors de notre responsabilité de les accompagner vers une fusion ou d’aider les membres à rejoindre un club à l’effectif plus étoffé.
Des clubs sont à créer dans les régions qui se développent. La Covid a démocratisé la visioconférence : ce fait de société doit nous conduire à créer des clubs adaptés à des publics mobiles appelés à se déplacer, des E-clubs notamment. Nous devons nous ouvrir aux membres corporate et aux nouvelles formules de clubs en lien avec notre temps : clubs passeport, clubs créés sur une cause …
Dans tout district, nous devons, chaque année, créer au moins deux clubs Rotary si nous voulons espérer voir nos effectifs se maintenir. L’expérience sur plusieurs années démontre cette nécessité.
La taille de nos clubs est insuffisante : les clubs comptent, en moyenne, en Allemagne, 51 membres et en Italie 41 contre 26 en France. Aussi, bien des présidents sont appelés à renouveler leur engagement plusieurs fois. Il ne leur est pas toujours possible de garder la même motivation.
La formation est-elle la clé de pour rebondir ?
Lorsque nous recrutons des membres, prenons-nous le temps nécessaire pour les former ? Il est de notre devoir de leur faire connaître les nombreuses possibilités qu’offrent le Rotary et sa Fondation,
Lorsque nous créons des clubs, formons-nous les dirigeants au produit rotarien, au leadership, à l’importance de l’action professionnelle ? Enseignons-nous les techniques de recrutement ?
Nos districts déploient à l’attention des présidents élus et de leurs équipes des formations (pré-SFPE **, SFPE, et AFD **) mais elles ne peuvent se faire que sur un temps limité. Certes, bien des IRL** dans des districts se sont investis, mais nous aurions intérêt à entamer une réflexion au niveau de la région sur les politiques de formation à développer pour renforcer l’attractivité de nos clubs, faire croître nos effectifs et déployer les moyens adaptés.
Des réflexions de fond seront à engager pour nous adapter à notre temps et à notre région , tout en continuant à agir au quotidien pour améliorer la fidélisation, le recrutement de membres et la création de clubs. Dans un prochain article, nous évoquerons le développement de notre effectif rotaractien en lien avec nos amis du Rotaract France. La revitalisation de nos effectifs est un enjeu majeur pour le Rotary et sa Fondation. Il en va de l’avenir.
Contact : le site de la Coordination de la région 14 https://rotaryregion14.org
*L’enquête sur les attentes sont consultables sur le site de la région 14 :
https://rotaryregion14.org/ressources/documents
**SFPE : Séminaire de formation des présidents élus. AFD : Assemblée de formation de district. IRL : Institut rotarien de leadership.
Des effectifs en pleine croissance en Afrique
Marie-Irène Richmond Ahoua, coordinatrice du Rotary pour l’Afrique francophone, membre du Rotary club Abidjan Biétry, détaille les chiffres au 30 novembre de la région 26 : 11 000 membres, regroupés dans 627 clubs et 5 districts.
Pour l’ensemble de l’Afrique (zone 22) 46 400 Rotariens, dont 27 % de femmes, s’investissent dans 1788 clubs.
« Le Rotary est en pleine expansion en Afrique, en particulier au Nigeria et en Ouganda ; le Ghana, vient d'être érigé en district. La Côte d'Ivoire constituera un seul district dans deux ans. L'objectif est de créer beaucoup de clubs corporate, satellites et fondés sur une cause.
En Afrique, 70% de la population est jeune, en conséquence nous devrions recruter beaucoup de jeunes et de femmes. Le taux de Rotariennes en Égypte avoisine les 52%, 47% en Tunisie, 49% dans le district 9212 (Éthiopie, Kenya) et 44% dans le district 9213 (Ouganda).
Les modèles de clubs innovants et flexibles représentent de bonnes opportunités d'expansion des effectifs en Afrique ». Marie-Irène Richmond Ahoua bénéficie de l’aide de quatre assistants coordonnateurs du Rotary , tous anciens gouverneurs : Miloud Belabed (D. 9010), Ari Toubo Ibrahim (D.9102), Fred Ne Tiabu Tatukila (D. 9150), Rajasundaram Somasundaram (D.9220).
PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE COURJON
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