HAÏTI : LA SAVANE DÉSOLÉE REVIT

Une communauté rurale de Haïti se développe grâce à une vaste opération menée depuis 2013 par le Rotary club Lamasquère Pays de Muret (Haute-Garonne). Un investissement de 330 000 $ obtenu avec l’aide de partenaires et le soutien de la Fondation Rotary offre des perspectives d’avenir là où il n’y en avait pas.

Image HAÏTI : LA SAVANE DÉSOLÉE REVIT

Haïti est le pays le plus pauvre du continent américain : 80 % de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Les Rotariens ont jeté leur dévolu sur le site au nom prédestiné de « La Savane désolée » afin de promouvoir les bonnes techniques agricoles et amener la population locale à son autonomie alimentaire. Auparavant, l’eau était acheminée par un simple canal en terre où seulement 10% de l’eau transportée arrivait à destination.

La préparation de la première action dure deux ans et nécessite l’envoi sur place, pendant six mois, d’une élève ingénieur agronome de l’École d’agriculture de Toulouse. Il s’agit d’effectuer un audit tout en lui permettant de réaliser son mémoire de fin d’études.


Deux Rotariens effectuent également deux séjours de trois semaines en Haïti (2014-2016) afin de rencontrer les futurs bénéficiaires, le Rotary club Bayonnais (nord de Haïti), les partenaires locaux, les entreprises, le ministère de l’agriculture, la direction départementale de l’eau....

Pour bien encadrer le projet, il demeure essentiel de prendre en compte l’avis de la population, d’identifier les pratiques agricoles usuelles ainsi que les difficultés et les réels besoins, afin de proposer l’aide attendue et permettre d’atteindre l’objectif fixé : l’autonomie alimentaire et financière grâce à l’agriculture. Cette pratique permet à l’ensemble de la population locale de travailler sur ce projet et de bénéficier du programme « Nourriture contre travail ».

Le projet est réalisé sur le site appartenant à la mission protestante Eben Ezer, car depuis de nombreuses années plus aucune structure étatique ou régionale ne parvient à prendre en charge les problèmes basiques de la population. La direction de cette institution est assurée par le Dr Claire Chappuis, Française originaire de Muret intégrée auprès de la population locale depuis 40 ans. Cette mission a créé des écoles, une maternité, un petit hôpital, un orphelinat ainsi que différentes structures d’accueil.

Depuis la France, le Rotary club Lamasquère Pays de Muret collabore étroitement avec le Rotary club Bayonnais (club hôte haïtien) qui s’investit beaucoup dans ce projet.

 

 

L’eau, priorité de l’ensemble des projets

 

Un premier puits de 70 mètres est foré, équipé d’une installation photovoltaïque indépendante. Le réseau d’électricité national est hors service depuis plusieurs années et ne permet de fournir qu’une heure d’électricité par jour et pour une faible consommation. Des pompes et installations électriques sont aussi installées afin de permettre la distribution de l’eau, laquelle est stockée grâce à une bâche-réserve de 200 m3 et d’un château d’eau de 8m3     Une seconde action concernant l’eau potable est entreprise par la formation des habitants pour un meilleur usage de l’eau et les bonnes pratiques en terme d’hygiène pour lutter contre les maladies hydriques, très répandues à Haïti. Cette formation est dispensée par des membres du Rotary club Bayonnais, lesquels expliquent la nécessité d’utiliser des toilettes et de respecter une hygiène corporelle quotidienne. La nouvelle source supprime la corvée d’eau alors assurée par les femmes et les enfants, ce qui permet à ces femmes de consacrer plus de temps à des activités productives, et aux enfants de suivre une scolarité.

 

Par la suite, deux puits supplémentaires, identiques en profondeur et en équipements au premier, sont forés. Malheureusement un puits doit être abandonné suite à d’importants problèmes techniques et de qualité d’eau. Les puits réalisés sont distants les uns des autres d’environ 1km afin de faciliter la distribution de l’eau potableà la population.
En remplacement du puits abandonné, il est procédé à la réhabilitation totale d’un puits existant en très mauvais état, ainsi que de toutes les installations électriques avec mise en place de structures photovoltaïque et remplacement du système de pompage. Ces travaux hydrauliques s’accompagnent de la construction d’1,5 km de canalisations enterrées d’eau potable, de huit petits châteaux d’eau (3 à 8 m3) bâtis à des endroits stratégiques (hôpital, , orphelinat et écoles) ainsi que la remise en état d’anciennes fosses septiques hors d’usage depuis de nombreuses années.

 

 

Une ferme pédagogique créée

 

Un ingénieur agronome haïtien forme les paysans aux bonnes techniques agricoles dans la ferme pédagogique de cinq hectares. Ces agriculteurs sont dotés d’outils et de semences achetés en Haïti. Pour lutter contre la divagation de toute sorte d’animaux sauvages, une clôture robuste et grillagée de 1,5 km et de 2m de hauteur est construite tout autour de la parcelle dédiée au maraîchage. Sur cette parcelle un hangar à compost de 100m2 est également aménagé.

 

 

La réhabilitation des infrastructures

 

L’action se poursuit par la reconstruction totale dans l’hôpital, les locaux de la mission et les écoles de toilettes, de lavabos et douches. Un petit réseau d’éclairage public avec mise en place de candélabres et de leur installation photovoltaïque est créé. Toutes ces constructions sont imaginées en intégrant les protections utiles pour éviter le vandalisme ou le vol. La pose d’un tableau numérique dans l’école, avec une installation photovoltaïque financée par Électriciens sans frontières et le Rotary club Lamasquère Pays de Muret, facilite le travail des élèves.

Tout une communauté villageoise bénéficie désormais de moyens de développement et accède à une certaine autonomie. Ce nouveau cadre de vie et de travail freine l’émigration vers les pays d’Amérique et redonne espoir à une population alors très éprouvée. La Savane n’est plus désolée.

 

 

Le souvenir du tremblement de terre toujours présent

La tragédie de 2010 entraîne une épidémie de choléra. Haïti est l’un des pays les plus démunis en infrastructures de traitement des eaux usées, plus de 780 000 personnes sont atteintes du choléra et près de 10 000 décèdent entre 2010 à 2016.

 

 

 

Un projet de 330 000 $

Rotary club Lamasquère :  35 600 $

Divers partenaires* :          165 400$

Fonds spécifique du district 1700 : 26 000 $

Subvention mondiale de la Fondation Rotary : 103 000 $

*Région Occitanie, Agence de l’Eau Adour Garonne, ville de Muret, quelques entreprises de Haute-Garonne.

 

 

TEXTE DE ANNE-MARIE COUSSE et DENIS MABIRE

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