UNE ACTION CONDUITE EN UKRAINE…AU COURS DE 4 500 KM

Dimanche soir 28 janvier, Vincent Sanchis me dépose à mon domicile à Clamart. Nous sommes un peu fatigués par la route. Notre étape du jour, Nuremberg - Clamart, représente une petite journée de 800 km sur les 4 500 km effectués depuis mardi 23 janvier, date de départ de notre périple à travers l’Europe pour atteindre l’Ukraine. Nous avons traversé sept pays, un vrai « road trip ». Fatigués, nous avons surtout le sentiment du devoir accompli.

Nous avons livré un autoclave, appareil qui sert à stériliser les instruments chirurgicaux, à l’hôpital de Novovolynsk. C’est une ville au nord de Lviv, à une trentaine de kilomètres de la frontière polonaise. Les efforts conjugués de Vincent Sanchis et du gouverneur Alexandre Guiard pour obtenir une subvention auprès du Fonds d’urgence du Rotary International ont fini par payer.

Ce projet a été porté par Vincent, admis l’année dernière au Rotary club Clamart - Le Plessis Robinson - Vélizy. Il avait préalablement organisé deux convois vers l’Ukraine, avec le Rotary club Pont du Gard, son ancien club.

Agir en lien avec des Rotariens d’Ukraine

À Novovolynsk, nous sommes accueillis par Volodymyr Pylypenko, membre du Rotary club francophone Kiev Balzac. Il est venu nous rejoindre depuis la capitale ukrainienne. Nous lui demandons si ce n’est pas trop dangereux. Il nous répond « pas plus qu’un trajet d’autoroute ailleurs en Europe ». Volodymyr effectue les démarches auprès de la mairie et de l’hôpital. Nous sommes reçus par le maire Borys Karpus qui remercie chaleureusement au nom de la communauté. Il doit néanmoins s’éclipser pour une cérémonie d’enterrement d’un habitant de la ville mort au front, comme il en fait fréquemment depuis le début du conflit. Devant la mairie, les dizaines de photos de morts au combat font froid dans le dos. L’arbre de Noël fabriqué à partir de tubes de lance-roquettes aussi…

Deux hôpitaux soutenus

À l’hôpital de la ville, le directeur Oleh Shypelyk et plusieurs médecins  réceptionnent l’autoclave avec moulte remerciements. Nous avons un peu l’impression d’être des pères Noël ! Avant la guerre, les hôpitaux commençaient à être modernisés. À présent, les crédits se font rares et l’aide internationale, en particulier celle des Rotariens, est plus que nécessaire. Volodymyr nous explique que le Rotary est désormais la structure la plus active. Il est vrai que de nombreux Rotary clubs mènent des actions en faveur de l’Ukraine depuis deux ans.

Après Novovolynsk, nous longeons la frontière vers le sud, en direction d’Oujgorod, ville de Transcarpathie proche de la frontière slovaque. Il n’y a pas, dans cette agglomération si proche d’un pays membre de l’Otan, de couvre-feu à minuit, contrairement au reste de l’Ukraine. Nous visitons là aussi l’hôpital de la ville. Le directeur tient à rendre visite avec nous à des soldats blessés. Ils ne sont pas sans rappeler les Gueules cassées de la Grande Guerre ; c’est lugubre. Un équipement de chirurgie laser est prévu pour cet hôpital, il est actuellement en commande dans le cadre d’une subvention de la Fondation Rotary. Sa livraison est prévue en juin par l’intermédiaire du Rotary club Kosice (Slovaquie).

Une aventure humaine poignante

Au-delà de l’action en elle-même et du soutien apporté à des hôpitaux qui en ont besoin, c’est l’aventure humaine que l’on retient. Celle d’un projet reporté une première fois dans l’attente de la subvention de la Fondation Rotary. Celle d’un périple pendant lequel une nouvelle amitié rotarienne est scellée. Celle de rencontrer des Ukrainiens et des Ukrainiennes courageux et déterminés. Nous pensons déjà à l’action suivante : collecter et livrer des jouets à des orphelinats et aux enfants des hôpitaux. Tout geste est grandement apprécié par la population d’Ukraine.

TEXTE DE BENJAMIN DESHAYES