Francesco Arezzo, nouvel administrateur du RI de 2018 à 2020

Il représente les zones italienne et française au RI

Francesco Arezzo est le nouveau directeur de la zone 11, qui a succédé à Gérard Allonneau, depuis le 1er juillet dernier. Il nous livre sa vision du Rotary et ses convictions qui inspireront l’exercice de son mandat. Propos recueillis par Régis Allard.

Image Francesco Arezzo, nouvel administrateur du RI de 2018 à 2020

Vous avez été présent, lors du séminaire régional de formation des gouverneurs élus en France, dès le début de votre mandat. Comment envisagez-vous votre présence et implication auprès du Rotary français ?


En tant que directeur, je suis appelé à représenter deux zones différentes. Le Rotary est donc convaincu que je ferai le même effort pour les suivre. C'est exactement ce que je suis prêt à faire, malgré les barrières linguistiques et géographiques qui peuvent me séparer de la France. Le premier objectif a été de bien maîtriser la situation du Rotary français. J'ai donc eu de longues conversations très profitables avec mes prédécesseurs, Giuseppe Viale et Gérard Allonneau, qui m'ont donné des conseils précieux et des avis lucides sur les questions les plus urgentes concernant le Rotary international et plus particulièrement le Rotary français.
Mon objectif est maintenant de passer de la théorie à la pratique et je vais essayer d’être le plus possible sur le terrain en acceptant autant d’invitations que possible.

 

Quels sont pour vous les thèmes prioritaires de votre mandat ?


L'une des priorités du Rotary est l'essor des clubs et le développement des effectifs. Il y a des pays où le Rotary est de plus en plus important, d’autres où il n'y a pas de taux de croissance et certains où le nombre de Rotariens diminue. Voilà un enjeu de taille.


L’Europe fait partie de ce dernier groupe et, par conséquent, le Rotary européen perd son influence, pratique, politique et représentative. Revenons aux derniers présidents du Rotary et à leur provenance : l'Europe est faiblement représentée et elle est de moins en moins capable d'influencer les choix du Rotary, perdant même sa place parmi les principaux donateurs de la Fondation Rotary.
Plus important encore, alors que d’autres pays ont tendance à disposer de postures partagées, nous préférons « partir en solo », sans stratégie européenne commune à suivre et à améliorer.


Gérard Allonneau, mon prédécesseur, a déjà commencé à travailler sur ce dernier point, en créant des liens et des rencontres entre les directeurs européens, et suivre son exemple fera partie de mes implications.

 

L’essor du Rotary en Italie n’est pas de même nature que sur le territoire français. Nos effectifs ont peine à se développer. Quels conseils donneriez-vous en la matière ?


Nous évoquons souvent la diminution du nombre de membres pour en faire l’une des questions les plus importantes pour le Rotary.
Nos armes pour contrer cette tendance nous ont déjà été clairement montrées par le Rotary et elles s’imposent : nous avons besoin de plus de femmes et de jeunes.
En ce qui concerne les jeunes, nous avons déjà une source naturelle : nos anciens bénéficiaires des programmes d’échange de jeunes, les jeunes de l'Interact, du Rotaract, les détenteurs de bourses d'études, les participants aux RYLA, tous ces programmes grâce auxquels nous avons pris soin de la prochaine génération au cours des dernières décennies.
Nous avons besoin de plus de membres Rotaract pour les accueillir dans nos clubs Rotary ; Le président Barry Rassin a lancé un programme visant à doubler le nombre de clubs Rotaract. En Italie, c'est un programme très suivi, plus de 80% des Rotary clubs parrainent un club Rotaract. En France, ces frontières s'améliorent, mais on peut et on doit faire beaucoup mieux.
Mais il y a un problème commun: moins de 5% des membres du Rotaract font la transition vers un club Rotary. Nous avons dépensé du temps, de l’énergie et des fonds pour que ces jeunes nous abandonnent immédiatement après, ce qui est presque autodestructeur.
Plus important encore, nous manquons de femmes : si le Rotary est appelé à être un miroir de la société moderne, son pourcentage de femmes ne peut rester à 16%. Les femmes dans notre société représentent 50% de la population et elles sont des personnalités de premier plan dans des domaines très variés, allant de la science, de la médecine à la politique et au système judiciaire. Elles sont insuffisamment représentées dans nos clubs.

 

A partir des décisions de redécoupage des zones, la France va appartenir à une zone nouvellement définie, composée aussi du Benelux, à partir du 1er juillet 2020, fin de votre mandat. Comment envisagez-vous d’organiser cette transition, dans le cadre de votre responsabilité actuelle ?

La nouvelle zone 13, qui remplacera l’actuelle zone 11, intégrera la Belgique, et le Luxembourg, tout en maintenant Andorre et Monaco. Pour autant, le couple avec l’Italie restera inchangé.
Nous aurons toujours une succession de directeurs italiens et français, mais de temps en temps, nous aurons un dirigeant de zone belge.
Ce changement, conséquence de la baisse des effectifs, restera néanmoins un nouvel atout pour élargir notre rayon d'action et représenter de nouveaux défis, y compris par des cultures linguistiques différentes, par exemple.


J’entame ma réflexion avec cette nouvelle réalité et je vais d’abord essayer d'identifier les principales préoccupations, afin de les présenter clairement à celui qui devra y faire face directement, c‘est à dire mon successeur.

 

Quels sont aujourd’hui les enjeux fondamentaux du Rotary ?


Paul Harris a dit un jour que le Rotary doit évoluer avec la société pour ne pas être en retard. Cette citation est inspirante. Nous devons conduire en permanence des changements. Le problème est que les temps changent à un rythme incroyablement rapide et qu'il est difficile non seulement de rester de les suivre, mais aussi d'essayer de comprendre la manière dont ils sont pris. Le changement lui-même a des vitesses et des directions différentes dans les nombreuses régions du monde, de sorte que le Rotary doit changer différemment selon l'endroit où il se trouve.


En Europe, le Rotary a toujours été un groupe élitaire et ses activités principales étaient constituées, dans le passé par des dîners  et des événements culturels ; il y avait parfois un événement de charité, mais l'implication personnelle était rare, voire absente.
Aujourd'hui, nous nous tournons vers un Rotary plus orienté vers le service, fait de travail acharné, en première ligne duquel se trouvent les Rotariens. Mais nous sommes toujours un peu coincés, hésitant encore à nous impliquer sur le terrain. Nous manquons d'une identité forte et les membres en supportent les conséquences, nous devons trouver notre voie et accepter les choix et les changements qui en découleront.
De plus, et ceci est une opinion personnelle, nous avons une tendance pugnace exagérée. Trop de discussions qui tournent parfois au conflit interne, trop d’arguments divergents entre les membres du club, les clubs et même entre les anciens dirigeants des districts.


Le Rotary devrait être une parenthèse d'air frais dans nos vies de travail stressantes ; si même le Rotary devient stressant, il est inévitable que cela ne représente point un argument de séduction!
Nous devons apprendre à travailler ensemble pour un objectif plus vaste et créer un environnement décontracté et confortable dans nos clubs.

 

Quels conseils donner aux clubs et aux dirigeants face à de tels défis ?


Après tout ce dont nous avons évoqué, il est évident que la présidence du club est le rôle le plus délicat, le plus beau et le plus difficile à assumer dans le cadre du Rotary.
Il incombe au président de créer un environnement serein et productif, où chaque idée peut être discutée et nourrie, afin de prendre les meilleures décisions pour le club lui-même.
Quel est mon conseil? Tranquillité, capacité à établir des liens et à traduire les rêves et les inspirations personnelles en un effort collectif pour atteindre un objectif commun.
Nous avons besoin de coopération, de bonne humeur pour créer un nouveau Rotary, concret, capable de grandir, de rêver et d'occuper dans la société cette place qu’il mérite, et qu’il ne doit pas perdre.

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