Croissance et grands événements sportifs internationaux
Il est commun d’entendre que les grands événements sportifs internationaux stimulent l’économie des pays organisateurs. Or, une étude approfondie prouve que la croissance des nations hôtes n’est pas en lien avec la grande compétition organisée. Elle demeure en rapport avec la santé générale de l’économie régionale ou mondiale du moment. TEXTE DE MATHIEU POMMELLET

Les indices de confiance et d’humeur sont souvent utilisés pour prévoir les investissements, voire la croissance elle-même. En cela les Grands événements sportifs internationaux (les GESI) sont réputés donner confiance et dynamisme aux populations qui les organisent, et soudent les opinions publiques autour d’un projet commun. Par contre, les organiser ne fait pas toujours l’unanimité, et leurs résultats économiques font l’objet de débats, voire de querelles. On se souvient des critiques du choix de Paris pour accueillir les Jeux olympiques de 2024 qui faisaient écho au scepticisme régnant quand il s’est agi d’organiser la coupe du monde de football en 1998. Cette coupe du monde a fait rentrer l’équipe de France, auparavant reléguée au second rang, dans le club fermé des titulaires du titre. Personne aujourd’hui ne regrette d’avoir accueilli ces deux magnifiques manifestations à 26 ans d’intervalle. On sait que « l’effet Mondial » en 1998 s’était accompagné d’une période d’expansion économique forte : + 2,3% de croissance en 1997, contre 3,6% en 1998 - alors que 2024 est marquée par un sévère ralentissement, sinon une récession.
Se pose alors la question de connaître le retour sur investissements et les répercussions sur la croissance économique des GESI. Qui en sont les bénéficiaires ? comment les mesurer, cette analyse est-elle pertinente, c’est-à-dire peut-on savoir si croissance, stagnation ou récession relèvent d’un contexte économique, de l’évènement lui-même, et peut-on modéliser ou non l’impact des événements sportifs majeurs ?
Une manifestation sportive de premier plan est un gros investissement, même pour les pays déjà bien dotés en infrastructures. Le coût de la coupe du monde de football 1998 en France a été estimé à environ 2,5 milliards d’euros d’aujourd’hui. Les Jeux olympiques de Paris en 2024 ont coûté 2,8 milliards d’euros. Un rien, si l’on met ces montants en rapport avec la Coupe de monde de football au Qatar en 2022 - 220 milliards d’euros - ou en Russie (7 milliards) et au Brésil (12 milliards). Des investissements pareils se doivent d’être rentables. Or, estimer la rentabilité du projet n’est pas aisé de prime abord, mais surtout, y a-t-il des répercussions sur l’économie dans son ensemble et pour combien de temps ? Il faut effectivement, bien distinguer les effets immédiats - mesurés par le solde des recettes et des dépenses, des effets de moyen terme - la croissance économique -, et ceux de long terme, moins perceptibles, mais qui s’inscrivent dans l’histoire...
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