L’ÉTHIQUE, ADN DU ROTARY

Magazine n°831 - Novembre 2022

Lorsque l’on demande ce qu’est le Rotary, la réponse la plus concise est : « un club de responsables professionnels unis pour le service à autrui, encourageant des normes d’éthique élevée. » Créé en 1905 à Chicago, alors minée par des pratiques frauduleuses dans les affaires, le Rotary a connu une expansion rapide en partie grâce aux règles de probité prônées par ses fondateurs. Depuis, les Rotariens n’ont cessé de promouvoir toute forme d’éthique, par l’organisation d’actions ainsi que par la création de prix.

Image L’ÉTHIQUE, ADN DU ROTARY

Selon le philosophe Alain « l’éthique est du ressort de la responsabilité personnelle, celle qui justifie nos comportements et nos choix pour donner une vision cohérente à ce qui est juste ». Paul Harris, fondateur du Rotary, précise : « Le Rotarien pense que l’entreprise d’un homme est son expression la meilleure et la plus authentique ; et que si sa vie professionnelle est honnête, il y a de grandes chances que sa vie personnelle le soit aussi. » Il estimait qu’en appliquant des principes de loyauté, d’équité, d’intégrité, de transparence et de confiance dans sa vie professionnelle avec son personnel, ses collègues, ses clients et ses fournisseurs, le membre d’un Rotary club étend alors naturellement ce comportement à sa vie personnelle et publique. C’est dans cet esprit fondateur que fut édicté par la suite le Critère des quatre questions, la référence rotarienne en matière d’éthique.

 

 

Le Critère des quatre questions

 

En 1932, alors que les États-Unis sont ravagés par la plus grande crise économique et sociale de son histoire, l’homme d’affaires et membre du Rotary club Chicago Herbert Taylor résume en quatre questions le comportement que doit respecter l’entreprise qu’il tente de sauver de la faillite :

     - Est-ce conforme à la vérité ?
     - Est-ce loyal de part et d’autre ?

     - Est-ce susceptible de stimuler la bonne volonté réciproque et de créer de meilleures relations amicales ?

     - Est-ce bénéfique à tous les intéressés ?

 

Ce code de bonne conduite commerciale est alors appliqué à toutes les activités de cette entreprise en difficulté, à commencer par sa publicité qui était jusqu’à présent mensongère. Le simple fait de l’avoir éliminée et d’adopter une politique plus franche ramène très vite la confiance de la clientèle. « Ce critère, appliqué à nos rapports avec notre personnel, nos fournisseurs et nos clients, les améliora et nous prouva que la confiance de ceux avec lesquels nous travaillons sont essentiels au maintien du succès en affaires » témoigne Herbert Taylor. Adopté par le Rotary International en 1934, le Critère des quatre questions constitue le fondement d’une conscience éthique. Il est traduit dans plusieurs dizaines de langues et les Rotariens en font la promotion dans le monde entier.

 

La notoriété de Herbert Taylor dans le monde des affaires et son influence auprès des Rotariens lui valent d’être choisi comme président du Rotary International pour l’année 1954-1955.

Le respect du Critère des quatre questions est du ressort de chaque Rotarien à titre individuel. Cependant, des clubs encouragent son application à travers des prix qui valorisent l’éthique rotarienne.

 

 

Le concours d’éthique professionnelle

 

Tous les ans, les étudiants de France sont invités par les districts à participer à un concours de dissertation dont le thème porte sur l’éthique au sein d’une profession. La grande diversité des études suivies par les candidats est source d’un vaste éventail des sujets traités. Les lauréats des districts sont candidats par la suite au concours national récompensant des jeunes qui portent des valeurs défendues par le Rotary. L’ancien gouverneur du district 1680, Pierre Jachez, est actuellement coordinateur national de ce concours ; il se réjouit de constater une émulation de cette compétition à travers les établissements adhérant à la Conférence des grandes écoles, partenaire du concours placé sous l’égide de l’Unesco. « Pour l’édition 2023, nous nous attendons à une plus forte participation des Rotaractiens, associés comme promoteurs du concours auprès des universités et grandes écoles » déclare Pierre Jachez. Il espère que des écoles de journalisme adhèrent à ce concours et que ce grand rendez-vous français s’étende à la Wallonie dans un proche avenir.

Ubérisation du travail, influenceurs, intelligence artificielle, neurosciences …les sujets traités dans le cadre de l’éthique professionnelle reflètent l’actualité et le profil des étudiants.

 

« L’enseignement de l’éthique est devenu obligatoire dans de nombreuses formations, comme la médecine ou certaines écoles d’ingénieurs, et se développe dans beaucoup d’autres, ce qui facilite notre démarche » souligne Marie-Michèle Brun, membre du Rotary club Saint-Étienne et coordinatrice de ce concours pour le district 1710. Doté de récompenses financières, représentant une plus-value dans un CV, ce concours rappelle que le respect de l’éthique dans le travail est un vecteur de paix dans ce monde instable.

 

Contact : https://concours.ethique.rotary-cge.org/

 

 

Au cœur d’actions de valorisation de métiers

 

Enseignants, Rotariens et lycéens sont réunis au sein d’une commission mentorat où sont partagés expérience professionnelle et questionnement. Cette action locale, initiée par le Rotary club Romilly-sur-Seine, a pour vocation de préparer des jeunes à leur futur métier. Cette commission met en lumière une forme de complémentarité entre les élèves en fin de parcours du secondaire et des Rotariens qui apportent leur savoir ainsi que leurs connaissances dans différentes branches professionnelles. L’éthique dans la profession fait partie des échanges entre adultes et jeunes. Chaque élève est chaperonné par un mentor dans la branche que le jeune a choisie.

 

Certains prix initiés par des clubs allient innovation professionnelle et éthique. Le Prix IDEE (Innovation durable éthique et écologique), proposé par le Rotary club Montpellier, valorise des startups régionales qui peuvent prendre leur envol grâce à un financement et un accompagnement bénévole de Rotariens. Parmi les entreprises lauréates en 2022, on remarque la startup La savonnerie circulaire, spécialisée dans la collecte et la transformation locale des huiles végétales usagées des restaurateurs en produits d’entretien écologiques. Une entreprise engagée à travers une charte éthique.

Les opérations de présentation des métiers auprès des lycéens, organisées à travers toute la France, sont des occasions de définir l’éthique dans la profession. Les Rotary clubs de Loire Sud organisent régulièrement « À la découverte des métiers » qui rassemble 2 700 élèves à Saint-Étienne. Les rencontres avec des professionnels de tous horizons sont autant d’occasions de valoriser les métiers à travers à travers des règles d’éthique.

 

 

Le Ryla*, un lieu de transmission des valeurs éthiques

 

Les questions d’éthique professionnelle sont fréquemment au cœur d’ateliers organisés au cours de Ryla, séminaires de plusieurs jours destinés à initier des jeunes à la responsabilité professionnelle. Dans le Ryla commun aux districts 1710 et 1780, « un atelier spécifiquement consacré au respect de l’éthique a lieu, encadré par des professionnels aguerris » explique Olivier Geoffroy, membre du Rotary club Lyon Caluire et organisateur de ce séminaire. Il précise qu’un ouvrage sur le sujet, rédigé par feu l’ancien gouverneur Michel Cocherel, est remis aux participants. Cette rencontre de futurs responsables professionnels représente souvent un premier contact rotarien avec des jeunes qui pourront dans l’avenir rejoindre un club, informés de la philosophie du Rotary.

 

 

Une valeur également interne aux clubs

 

Le respect de règles éthiques est au centre du fonctionnement de tout Rotary club. L’écoute entre membres est primordiale, la bienveillance entre membres, parfois en concurrence professionnelle ou en opposition sur divers domaines, reste de mise. Un club qui prône des valeurs éthiques se doit effectivement d’être exemplaire, à commencer par la rigueur de ses admissions de membres. Il en va de même dans le choix des membres d’honneur qui doit refléter les valeurs auxquelles croient les Rotariens. L’éthique demeure la valeur intangible du Rotary.

 

 

*Ryla : Rotary youth leardership award

 

 

Concours 2022 de l’éthique professionnelle

 41 dossiers ont été déposés pour l’épreuve nationale, traitant d’une grande variété de sujets. Ont été sélectionnés :

1er prix : Sarah Douyère (district 1640), « Hospitalisation sous contrainte : une tension entre liberté et sécurité ».

2e prix : Victor Le Bellego (1760), « IA et éthique : un état des lieux ».

2e prix ex aequo : Robin Miquel (1760), « Les paris sportifs ». 

3e prix : Brice Gérardin (1770), « Les limites morales du devoir d’obéissance militaire ».

 

 

 

TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON

 

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