Le monde contemporain en danger de crédulité
Les événements politiques que l’on constate à travers le monde démontrent que les démocraties sont menacées par le populisme et la crédulité. TEXTE DE GERARD BRONNER
Crédulité car ce ne sont pas seulement les propositions politiques habituelles de la démagogie qui sont en jeu mais aussi le surgissement sur la scène publique des théories du complot, de la défiance face à l’expertise de la science (notamment sur la question des vaccins ou du climat par exemple) ou d’une méfiance forte vis-à-vis des médias traditionnels. Les théories du complot en particulier ont particulièrement profité du phénomène de dérégulation du marché de l’information que représente Internet. En effet, si elles n’ont pas attendu l’apparition du web pour exister, elles étaient auparavant souvent confinées dans des espaces de radicalité. Cette dérégulation leur a permis d’essaimer dans l’espace public d’autant que leurs défenseurs sont souvent plus motivés que les citoyens moyens à faire valoir leur point de vue. Une récente étude a même montré que sur Facebook, 1% des détenteurs de comptes produisaient 33 % des posts émis. Cette asymétrie de motivation est déterminante pour comprendre cette diffusion de la crédulité. Walter Quatrocciechi et son équipe ont montré récemment que, sur le réseau Facebook italien par exemple, il y avait trois fois plus de manifestation de contenus conspirationnistes que de contenus scientifiques. Plusieurs études issues de ce que l’on nomme la « Web science » vont d’ailleurs en ce sens. En convoquant des bases de données très importantes, elles montrent qu’un faible nombre de personnes motivées peuvent influencer l’opinion sur Internet beaucoup plus que dans la vie sociale. Toutes ces études soulignent qu’Internet est une drôle de démocratie : certains y votent mille fois, tandis que d’autres jamais. Or, les convaincus et les militants « votent » beaucoup...
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