UN PLAN D’ACTION POUR RENFORCER LES CLUBS

Magazine 853 - Septembre 2024

Le Rotary International a proposé en 2019 à tous les clubs du monde un Plan d'action destiné à donner un cadre pour identifier et relever les défis importants auxquels ils sont confrontés. D’une durée de 5 ans, ce plan a pour objectif d’aider les clubs à préparer leur avenir dans un contexte d’évolution sociétal rapide et profond.

Image UN PLAN D’ACTION POUR RENFORCER LES CLUBS

« Au travers de groupes de discussion et d'enquêtes, les Rotariens nous ont dit que nous devions devenir plus agiles, plus réactifs et plus ouverts aux nouvelles idées. Ils veulent que le Rotary tire le meilleur parti des nouvelles technologies et tendances » expliquait en 2019 John Hewko, secrétaire général du Rotary International. Il précisait que le Rotary International « avait contacté plus d'un million de personnes liées au Rotary pour s’assurer que les priorités du Plan d'action soient les bonnes et qu'elles restent authentiquement rotariennes. »  Cette enquête avait en effet été menée auprès des Rotariens, mais aussi d’anciens Rotariens, de Rotaractiens, de personnes ayant participé à des programmes du Rotary (en particulier les échanges de jeunes), du personnel du Rotary et même de personnes extérieures au Rotary.

Le résultat de cette enquête avait débouché sur la construction du plan stratégique proposé aux clubs du monde. Il s’appuie sur quatre priorités :

- Augmenter notre impact

- Étendre notre portée

- Améliorer l'implication des participants

- Améliorer notre capacité d'adaptation.

 

Augmenter notre impact

Les programmes proposés doivent répondre aux aspirations de la société qui évoluent sans cesse, et de plus en plus rapidement. Trop de clubs ont tendance à reproduire ce qui a été réalisé les années précédentes, tel un copié-collé. « Assurer la continuité ne demande pas de poursuivre les actions de ses prédécesseurs » déclarait Gordon McInally, président 2023-2024 du Rotary International qui rappelait que « la continuité signifie l’adaptation. » Les clubs qui ont conduit l’année dernière des actions en faveur de la santé mentale ont davantage suscité l’intérêt du public par leur aspect novateur et l’importance grandissante de ce type de maladie.

 

Étendre notre portée

Pour renforcer l’avenir du Rotary, des clubs se sont davantage tournés vers des partenaires et des représentants des collectivités afin d’agir. Plutôt que d’intervenir seul à travers une action d’adduction d’eau potable dans un pays en voie de développement, un Rotary club a tout intérêt à s’appuyer sur une structure rotarienne telle qu’Eau sans frontière internationale         (ESFI). Il en va de même pour agir dans un pays étranger, en s’appuyant sur un Comité interpays (CIP) ou sur une amicale d’action rotarienne spécialisée dans le domaine concerné. La portée des actions est plus grande lorsqu’un club s’adresse à des spécialistes rotariens et en les impliquant dans le suivi.

 

Améliorer l'implication des participants

L’action demeure le meilleur moyen de motiver des personnes à devenir rotariennes et à le rester. Un président de club doit s’assurer que tous les membres adhèrent aux actions et y participent, d’où la nécessité de diversifier les causes soutenues et de confier des responsabilités, en particulier aux Rotariens récemment admis. Un président de club qui écoute les difficultés et les attentes pour adapter le plan d’action pluriannuel de son club met toutes les chances de son côté. Les attentes différentes amèneront à diversifier les causes.   Si l'expérience des participants n'est pertinente ni d'un point de vue personnel, ni d'un point de vue professionnel, ils se tourneront vers une autre organisation… et ils ont l'embarras du choix !

 

Améliorer notre capacité d'adaptation

Beaucoup de clubs ont modifié leur rythme de réunion car des personnes en activité professionnelle ne pouvaient plus être présentes. Certains ont alterné leurs réunions statuaires, à la mi-journée et au soir, d’autres en présentiel et en visioconférence ; certains clubs ont opté pour un apéritif plutôt qu’un repas. Des types de Rotary clubs aux règles plus souples se sont multipliés : e-clubs, clubs passeport (dont les membres assistent régulièrement à des réunions et actions d’autres clubs du fait de déplacements incessants), clubs satellites etc. L’adaptation à la transformation numérique et aux réseaux sociaux est vitale : un club qui ne communique pas dans ces nouvelles formes de communication n’est plus adapté et est donc menacé.

 

Quid au bout de 5 ans ?

Jean-Marie Lataste, coordinateur du Rotary pour la région 14* constate que « les effectifs continuent de baisser en France, malgré de gros efforts réalisés chaque année par les gouverneurs, alors qu’ils se sont stabilisés en Belgique francophone ». Jean-Marie donne quelques pistes de réflexion :  

     - La qualité des membres : un club qui a des membres inspirants attire et c’est particulièrement vrai en période de crise. « Recruter des membres d’excellence dans tous les métiers » comme le propose Jocelyne Le Gall, Coordinatrice 2025- 2028, paraît une voie à explorer.

     - Rechercher des talents dans tous les districts : il y en a dans les clubs, il faut les attirer, les motiver et nous assurer de leur disponibilité. Ils deviendront nos ADG, nos présidents de commission, nos futurs gouverneurs. Le management des équipes a pris une grande importance : les responsables qui sont près de leurs équipes, qui les écoutent, les motivent obtiennent les meilleurs résultats.

     - Porter la formation dans les clubs : peu de Rotariens s’inscrivent aux formations proposées par les districts ou par rotary.org. Visiter les clubs, exposer les différentes spécificités du Rotary (Fondation, action professionnelle, action d’intérêt public…) donnera le goût d’aller plus loin pour ceux qui le voudront.

     - Adapter nos clubs au numérique et à la pratique des réseaux sociaux :  près de 1 000 contacts nous ont été envoyés par le site rotary.org. Nous n’en avons admis que 6%. En nous adaptant aux modes de communication utilisés aujourd’hui, nous pourrons accueillir ces nouveaux Rotariens.    

 

À la question « le plan d’action du Rotary est-il adapté aux réalités actuelles ? », Jean-Marie Lataste répond « l’adaptabilité régionale nous paraît une voie à explorer car les modes de communication, les perceptions, les attentes sont différentes d’une région à l’autre ».       

 

Honorer le passé tout en préparant l’avenir

La rotation des fonctions dirigeantes au Rotary constitue un défi pour la mise en œuvre de stratégies à long terme. Ce qui perdure sont les valeurs qui définissent le Rotary : service, camaraderie, intégrité, diversité etc. Le Plan d'action vise à faire évoluer le Rotary pour qu’il reste en phase avec les défis contemporains. Une enquête sur l’attractivité du Rotary et la stratégie à privilégier a été lancée par Rotary Mag. Un résumé sera prochainement diffusé dans nos colonnes.

*Région 14 du Rotary : France métropolitaine, Belgique francophone, Luxembourg, Andorre, Monaco.

 

Un club parisien adepte du plan stratégique

Philippe Simon, président à deux reprises du Rotary club Paris Alliance, fait part de son expérience : « Je suis convaincu des vertus d'un plan stratégique pour toute entreprise, à condition qu'il soit simple et souple, réaliste et doté d'objectifs quantifiés dont l'évolution peut être mesurée avec fiabilité lors de jalons spécifiques positionnés dans l'année d'exercice. De ce fait nous avons, lors de mes deux présidences, (2020-2021 et 2023-2024) adopté un plan stratégique pratiquement calé sur les 25 critères d'excellence nécessaires à la "Citation présidentielle" que nous avions déjà obtenue plusieurs fois les années précédentes et que nous nous fixions comme « défi » d'obtenir une nouvelle fois. Ce plan stratégique nous a entre autres évité de nous disperser, par exemple en abandonnant plusieurs critères sur lesquels nous n'avons jamais eu ou n'avons plus d'expérience (par exemple le RYLA) pour nous concentrer sur nos points forts (l'action internationale et la collaboration avec nos clubs contact, les bourses d'études etc.) et sur quelques points critiques pour l'avenir du club (maintien/croissance des effectifs face à une vague de départs en retraite ou de transferts.)

Ce plan a été bien suivi par notre club puisque nous devrions satisfaire à 15 des 25 critères du Plan (et donc de la citation présidentielle) en ayant maintenu exactement nos effectifs, en ayant relancé notre intervention dans deux projets YEP alors que nous étions absents de ce domaine depuis 2019, en organisant la pérennisation du club Interact fondé en 2022 et en relançant notre club contact Roma Via Appia Antiqua qui prend la tête d'un projet d'équipement hospitalier en Tunisie, auquel nous nous associons, alors qu’ils suivaient en 2023 le projet d'équipement énergétique d'écoles au Liban dont nous étions leader ; la citation présidentielle devient cette année un prix d’excellence ; cela reste un défi pour notre club avec une nouvelle présidente ».

 

 

TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON

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