UN GOUVERNORAT PAS COMME LES AUTRES

Ils resteront dans la mémoire des Rotariens comme les gouverneurs masqués, ou s’adressant aux clubs par visioconférence. Privés pour la plupart de déplacement, ils se sont rapidement adaptés aux contraintes pour administrer un district dans des conditions inédites. Témoignage de plusieurs d’entre eux à travers le monde francophone.

Image UN GOUVERNORAT PAS COMME LES AUTRES

En janvier 2020, au cours de l’Assemblée internationale de San Diego - communément appelée « école des gouverneurs » - le président Holger Knaack invitait chacun à faire preuve d’esprit d’innovation pour permettre au Rotary de se développer. Les gouverneurs élus étaient loin d’imaginer que ce futur serait si proche et durent changer leur fusil d’épaule afin d’animer leur district dans la tempête. Des adaptations aux résultats parfois inespérés.

 

 

Une organisation renforcée en Afrique de l’Ouest

 

« Les Rotariens du district 9101, qui compte 10 pays et plus de 2 000 membres, n’ont jamais été aussi proches les uns les autres que cette année grâce à l’innovation des rencontres en ligne » explique le gouverneur Christophe Koreki. En effet, pour la première fois, le gouverneur a pu visiter en virtuel l’intégralité des 90 clubs et s’est adressé à l’ensemble des Rotariens. « Cette pandémie nous a obligés à innover, avec une réactivité extraordinaire, ce qui a permis de continuer à faire fonctionner le district et les clubs, de même qu’à garantir nos objectifs et nos priorités, principalement dans les domaines de l’expansion, de l’effectif, de la Fondation et de l’image publique » poursuit Christophe Koreki. Le district 9101 a atteint des records de participation lors des séminaires de formations en ligne et n’a jamais réuni autant d’instructeurs et de conférenciers. « Le Rotary ouvre des opportunités ! Et justement nous avons réussi à transformer cette situation en opportunités, bien souvent au-delà même de ce que nous aurions pu imaginer. Je reste convaincu que chaque Rotary club a su ouvrir toutes les portes afin de permettre de servir les communautés pour changer des vies ».

 

 

Un changement de cap dans l’Océan indien

 

Pilote de ligne, Hugues Emmanuel Randriamifidy avait prévu de faire coïncider sa dernière année professionnelle avec son mandat de gouverneur du district 9220. La crise sanitaire l’a obligé de rester à Madagascar. Qu’à cela ne tienne, le gouverneur a amplifié son action initialement prévue sur la Grande île : « j’ai emmené dans le sud du pays des Rotariens et des Rotaractiens aider des populations très pauvres touchées par une terrible sécheresse. Les membres des différents clubs ont quitté leur zone de confort pour apporter des vivres dans des endroits dépourvus de routes et d’infrastructures. » Comme il n’y a pas de Rotary club dans cette région sinistrée, Rotariens et Rotaractiens ont dû parcourir de longues distances et se loger dans des conditions précaires, à l’image des populations secourues. Une grande leçon d’humilité et d’humanisme. « J’ai vu sourire des gens extrêmement démunis, c’est l’un des moments les plus marquants de mon année de gouverneur » conclut Hugues Emmanuel.

 

 

L’espérance de la paix en Afrique centrale

 

Le district 9150, l’un des plus étendu du monde, est particulièrement concerné par les questions de paix. « En entrant en fonction le 1er juillet 2020, je pensais comme beaucoup que la pandémie allait s’arrêter. Mon regard sur mon mandat de gouverneur est celui d’une grande frustration, mais aussi d’une année d’espérance » résume Innocent Nkongo. La pandémie l’a contraint à peu voyager, mais une initiative l’a particulièrement interpellé dans le sud Kivu, en République démocratique du Congo : « une rencontre de tribus a été organisée pour parler de paix, une initiative rotarienne remarquable en ces temps difficiles. » Cette région d’Afrique centrale reste en effet minée par des troubles quasi permanents, ce qui souligne les difficultés de réunir des représentants des différentes communautés comme l’ont fait les Rotariens.

 

 

Une réaction bienveillante de la jeunesse au Maghreb

 

Le développement des effectifs était le principal objectif du gouverneur Said Nejjar, estimant peu avant sa prise de fonction que l’Afrique du Nord pouvait compter deux districts au lieu d’un seul. En dépit de la pandémie, le district 9010 compte plus de Rotariens qu’au premier juillet dernier, avec la création de deux clubs déjà réalisée et de trois autres prévues très prochainement. Le résultat le plus remarquable est l’essor considérable du Rotaract au cours de ces derniers mois : avec plus de 2 500 Rotaractiens, dont 1760 pour le seul Maroc, le district maghrébin est probablement le seul au monde à compter plus de Rotaractiens que de Rotariens. Une expansion soudaine à l’image de la démographie maghrébine, mais aussi d’un grand changement d’attitude des Rotariens vis-à-vis des Rotaractiens selon Said Nejjar : « auparavant, les Rotaractiens étaient presque toujours contactés pour appuyer les Rotary clubs dans de menues tâches ; en leur donnant de la valeur et en les considérant comme des acteurs à part entière, on a suscité une envie de la jeunesse de rejoindre un club Rotaract. »

La méthode a été de promouvoir le Rotaract dans les universités et les centres de formation professionnelle. Said est optimiste pour l’avenir du Rotary en Afrique du Nord, notamment « par la démocratisation des profils que j’encourage ainsi que par l’adhésion de la jeunesse à travers le Rotaract. »

 

 

Le Rotary transformé en France

 

Confinements et couvre-feux ont obligé les gouverneurs des 18 districts de France à multiplier les visioconférences, en particulier pour les assemblées et conférences de district. Très représentatif de la situation française, le district 1520 (Somme, Pas-de-Calais et une partie du Nord) a peu perdu de membres, seulement 8 entre le 1er juillet et le 31 mars. Une situation qui s’explique selon le gouverneur Chantal Thuillet « par la création de clubs et l’esprit de solidarité qui a conduit presque tous les clubs à s’investir, au bénéfice des familles en situation de précarité, mais aussi auprès de Rotariens très touchés par la crise. » Le district 1520 a donné une forte impulsion aux clubs pour qu’ils agissent en faveur d’épiceries solidaires, une action qui a maintenu les liens entre les Rotariens malgré l’absence de réunions présentielles.

En pensant à l’après-pandémie, Chantal Thuillet estime que « beaucoup de clubs conserveront le système de réunion en visioconférence, ce qui facilitera le maintien et l’adhésion de membres jeunes. Les Rotary clubs ont réussi à organiser des réunions virtuelles dynamiques, ce qui est de bon augure. »

 

 

Les gouverneurs 2020-2021 se préparent à transmettre le témoin à leurs successeurs. Ces derniers sont les premiers à avoir suivi une formation en distanciel, à n’avoir encore rencontré ni les présidents des clubs, ni leur président international en chair et en os. Un tournant historique qui favorise la réflexion sur la gouvernance du Rotary International de demain.

 

 

La formation des gouverneurs

 

Un gouverneur élu doit suivre une formation lors d’un institute de zone, et surtout pendant une semaine d’affilée lors de l’Assemblée internationale qui réunit chaque année aux États-Unis les 530 gouverneurs élus du monde. Seule la session de 2021 s’est déroulée en distanciel.

 

 

TEXTE DE CHRISTOPHE COURJON

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